1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre.
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.
Sonja Delzongle
Titre : Boréal
Sortie : 08 mars 2018
Éditeur : Denoël
Lien vers ma chronique du roman
D’où t’es venue cette envie de partir pour le grand froid, bien loin de tes romans précédents ?
Loin de l’atmosphère brûlante et africaine de Dust, loin des tempêtes de Saint-Malo, quoique…mais pas si loin de l’ambiance glacée de Quand la neige danse. J’ai peut-être voulu m’y replonger. Aller encore plus loin dans cette dimension hostile de la glace, à travers un voyage extrême où il est question de survie. Mais le voyage extrême est aussi celui de l’humain au fond de lui-même, jusqu’à ses limites ou au-delà. Peut-être ce grand froid est-il une vaste métaphore…
Boréal est un thriller différent, extrême quant à son inhumanité et son humanité folle…
Il va chercher l’humanité plus loin, dans ce qu’elle a de plus sombre, mais aussi dans ses incroyables capacités de résistance et de résilience. Toujours des personnages cabossés, comme ces paysages de glace. Il pose en effet la question de ce que l’homme possède d’humanité mais aussi d’inhumanité lorsqu’il est acculé. Les deux se révèlent dans ces conditions extrêmes. Ainsi que son animalité. Mais pas dans un sens négatif, parce que les animaux sont parfois beaucoup moins bestiaux que l’humain…
Il y est question également d’un monde menacé, fragilisé, dont l’avenir repose sur une croûte glaciaire. Dérouler un récit dans la nuit est un défi, aussi bien pour l’auteur que pour ses personnages. Quant au lecteur, lire dans la nuit, n’en parlons pas.
« La survie dans ces conditions extrêmes appartient à l’intimité, c’est une affaire entre soi et soi ». Cette phrase tirée de ton roman le résume plutôt bien, non ?
C’est vrai. Avant de passer à l’écriture de Boréal, je suis passée par la phase documentation. J’ai lu des récits extrêmes, ceux de Mike Horn et de Paul-Emile Victor, mais aussi, pour un aspect plus philosophique, que je voulais rendre, celui de Michel Onfray, l’Esthétique du Pôle Nord. On y apprend à quoi cette notion de survie est attachée, qu’il s’agit vraiment d’une question qui relève de l’intime et d’une intimité à laquelle il faut parfois renoncer lors de ces expéditions à deux ou plus dans un environnement aussi rude. Le roman repose là-dessus. Quels que soient les événements auxquels on survit.
Le lecteur passe de surprise en surprise avec ton intrigue. Mais tu as aussi pris grand soin à créer une ambiance…
Un roman aussi dense en action ne peut pas se passer d’ambiance. Elle en est même la quintessence. Sinon, ça enlèverait beaucoup de force au récit et même aux personnages. Leur tempérament et leur vraie personnalité se révèlent justement dans cette ambiance extrême de glace, de danger permanent et de mort. Je l’ai donc soignée, effectivement. Comme dans mes précédents romans d’ailleurs. Mais peut-être un peu plus cette fois.
Ton travail de recherches semble avoir été important pour ce roman, tant certaines thématiques font froid dans le dos (et ce n’est pas lié à l’ambiance glaciale du Groenland)…
Beaucoup de recherches et de documentation, comme je l’évoque plus haut, ont précédé la phase d’écriture et l’ont même nourrie. Aussi bien des livres, des essais, que des articles, des reportages ou des études. Mais il ne s’agit pas de tomber dans le roman journalistique. C’est pourquoi, comme souvent, m’appuyant sur des faits réels ou historiques, je me les approprie pour que l’imaginaire soit le plus présent. J’aurais, bien sûr, aimé aller sur place, mais ce n’est pas toujours en accord avec les impératifs du quotidien et, quoiqu’il en soit, ma position en tant qu’auteur est claire là-dessus : on peut et même on doit, pour se réclamer du statut d’écrivain, pouvoir écrire et entraîner le lecteur dans un monde presque réel, par le seul prisme de l’imaginaire, sans être forcément allé dans un endroit que l’on décrit.
Photo de Sophie, du blog photo Lumières de l’ombre
Catégories :Interviews littéraires
Encore un très bel échange, sans rien dévoiler de l’ouvrage, avec cette auteure que j’affectionne tout particulièrement ! Merci Yvan… Bon week-end 🙂
c’est tout l’intérêt de l’exercice, parler du livre sans trop en dévoiler 😉
Chouette interview
Me tarde de le découvrir
Bises à vous 2
tu vas te régaler. Bisous Kris !
Je suis tout particulièrement votre blog depuis quelques semaines et je vous félicite pour votre travail !
Quand à découvrir des auteurs tel que Sonia Delzongle est-il important voire nécessaire de commencer par le premier ouvrage ?
Merci Eddy, ça me touche ! Pour Delzongle, commencer par Boréal c’est bien, puisque c’est un livre unique. Sinon les trois autres il vaut mieux les lire dans l’ordre, oui, en commençant par Dust