La chambre des merveilles – Julien Sandrel

Explosion de couleurs sur la couverture, explosion d’émotions à l’intérieur.

Équilibriste

Pour son premier roman, Julien Sandrel s’est attelé à nous conter ce qui ressemblait à une idée casse-gueule. Raconter ce qu’il se passe durant le premier mois de coma du jeune Louis, 12 ans, pronostic vital engagé. Un sujet sombre porté par une idée formidablement lumineuse : sa mère va lui faire vivre par procuration tous ses rêves d’adolescent, pour tenter de stimuler son réveil avant qu’il ne soit trop tard.

Il est donc possible de faire sourire et même rire, de toucher, d’émouvoir grâce à l’histoire de personnages au bord du gouffre. Sacré numéro d’équilibriste, que l’auteur réussit avec talent. Son roman me fait penser au bijou qu’est Dieu me déteste de Hollis Seamon, avec cette manière de parler d’un sujet grave tout en utilisant un ton léger.

Sans pathos et sans oublier de nous faire régulièrement revenir les pieds sur terre, ce roman est une sucrerie, parfois acide, qui se déguste rapidement (certains le liront sans doute d’une traite).

Respiration

Julien Sandrel a eu une idée brillante (pas étonnant que les droits du livre se soient arrachés partout dans le monde, bien avant sa sortie). Imaginez les « merveilles » qu’un ado de 12 ans rêve de vivre et imaginez sa mère (genre working girl, une vraie battante) les réaliser à sa place, en se filmant. Scènes décalées garanties, drôles et poignantes, tristes aussi mais jamais totalement plombantes. Le funambule Sandrel reste bien arrimé à son fil.

C’est aussi grâce à son écriture directe, plaisante et parfois truculente, que l’écrivain emplit son récit de chaleur humaine. Alors que le sujet avait de quoi faire froid dans le dos, il arrive à le rendre positif. Pas larmoyante, mais pleine d’émotions, cette lecture est une belle respiration, même si le sujet reste grave et sa fin totalement incertaine. L’auteur grossit parfois le trait, pour mieux revenir à la réalité, en bon acrobate. Et puis, on se sent très proche de ces personnages, on s’y attache vraiment.

Leçon d’optimisme et de volonté

Pour ma part, je regretterais juste un peu que l’auteur n’ait pas poussé encore plus loin son concept en or. Il y avait la place pour rajouter quelques scènes mémorables. On n’est jamais rassasié avec ce genre de friandise.

La chambre des merveilles est un récit qui fourmille de vitalité, sacrément paradoxal avec un gamin dans le coma et une mère qui n’avait plus d’autre vie que le boulot. Julien Sandrel a réussi à écrire une belle histoire, sans être donneur de leçon, et qui est pourtant une formidable leçon d’optimisme et de volonté.

Lien vers l’interview de Julien Sandrel au sujet de La chambre des merveilles

Sortie : 08 mars 2018

Éditeur : Calmann-Lévy

Genre : Fiction

Ce que j’ai particulièrement aimé :

L’idée de base, géniale

Le ton employé

Les émotions (même si j’en attendais encore plus)

4° de couverture

Inattendu, bouleversant et drôle,
le pari un peu fou d’une mère
qui tente de sortir son fils du coma
en réalisant chacun de ses rêves.

Louis a 12 ans. Ce matin, alors qu’il veut confier à sa mère, Thelma, qu’il est amoureux pour la première fois, il voit bien qu’elle pense à autre chose, à son travail sûrement. Alors il part, fâché et déçu, avec son skate, et traverse la rue à fond. Un camion le percute de plein fouet.

Le pronostic est sombre. Dans quatre semaines, s’il n’y a pas d’amélioration, il faudra débrancher le respirateur de Louis. En rentrant de l’hôpital, désespérée, Thelma trouve un carnet sous le matelas de son fils. À l’intérieur, il a dressé la liste de toutes ses « merveilles », c’est-à-dire les expériences qu’il aimerait vivre au cours de sa vie.

Thelma prend une décision : page après page, ces merveilles, elle va les accomplir à sa place. Si Louis entend ses aventures, il verra combien la vie est belle. Peut–être que ça l’aidera à revenir. Et si dans quatre semaines Louis doit mourir, à travers elle il aura vécu la vie dont il rêvait.

Mais il n’est pas si facile de vivre les rêves d’un ado, quand on a presque quarante ans…



Catégories :Littérature

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17 réponses

  1. Antonietta – Cannes La Bocca

    Assez curieuse de le découvrir ! Bonne journée Yvan 😉🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Merci pour ta curiosité. Bonne journée !

  2. Celui là, je l’ai repéré avant sa sortie, grâce à cette superbe couverture! Bon, et étant donné ta chronique, j’ai encore plus envie de le lire! Merci pour ce joli moment! 😉

  3. un grand coup de coeur !! je dirai même double coup de coeur, contenu, contenant . Un premier roman de toute beauté …. auteur à suivre c’est certain

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Il a eu une idée géniale. Voyons le passage difficile du deuxième roman. Mais ça c’est pour plus tard 😉

  4. lebouquinivre – Jeune femme de 26 ans, aimant la Vie (avec un grand "V"!) avec à la fois ferveur et abandon. Aux multiples facettes. Passionnée par les arts sous toutes leurs formes, je voue un culte à MUSE et à la musique, à Thilliez et aux bouquins, à Rimbaud et à sa prose, à Tom Hanks et au ciné... Une autre partie de moi idolâtre le FC Nantes et le football. Un bout de moi est implacable dans ses combats. Engagement et solidarité. Le cancer ne devrait pas exister, encore moins chez les enfants. D'ailleurs, je vous invite à soutenir "Imagine For Margo". Et Tom évidemment. Et enfin, comme le dit Sénèque: "Un bonheur que rien n'a entamé succombe à la moindre atteinte; mais quand on doit se battre contre les difficultés incessantes, on s'aguerrit dans l'épreuve, on résiste à n'importe quels maux, et même si l'on trébuche, on lutte encore à genoux." Comme dirait Bénabar, bien le bonjour Msieurs, Dames!

    Ce livre semble prometteur ! J’en lis beaucoup de bien !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Ma dose de lumière dans les ténèbres 😉

  5. Ca a l’air génial. Vivement qu’il sorte en poche !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      RV dans quelques mois alors 😉

  6. J’ai tellement aimé aussi ce roman ! J’ai eu les mêmes impressions, je partais avec un préjugé, celui qu’il allait me falloir des mouchoirs et j’ai été agréablement surprise. Pas larmoyant mais touchant. Réel coup de cœur pour moi. C’est une très belle critique que tu as faite 😊

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Merci ! Oui touchant, dans tomber dans les larmes faciles, c’est une de ses qualités

  7. Lord Arsenik – Noumea - Nelle-Calédonie

    Pas ma zone de confort mais il me tente bien quand même.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Tout comme moi, mais parfois ça fait du bien

      • Lord Arsenik – Noumea - Nelle-Calédonie

        Par ta faute j’ai pris. Yapuka le lire.

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          j’assume (de toute façon tu es trop loin pour te venger sur moi)

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  1. Interview – 1 livre en 5 questions : La chambre des merveilles – Julien Sandrel – EmOtionS – Blog littéraire et musical
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