Interview – 1 livre en 5 questions : De cauchemar et de feu – Nicolas Lebel

1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre.

5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.

Nicolas Lebel

Titre : De cauchemar et de feu

Editeur : Marabout

Sortie : 03 mai 2017

Lien vers ma chronique du roman

Roman en lice pour le prix littéraire 2017 du Festival sans nom, le salon du polar de Mulhouse

Ton nouveau roman met en lumière le conflit irlandais depuis les années 60. Pourquoi le choix de ce thème ?

Le conflit irlandais est une histoire bouleversante de plus de cinq siècles. Depuis les années 60, grâce à l’avènement de la télévision, le monde entier est témoin des plus récents événements de ce calvaire. Le sort des catholiques d’Ulster a ému la communauté internationale. Sans que l’on connaisse vraiment les détails de ce conflit, chacun de nous a entendu des mots tels que Bloody Sunday, Bobby Sands ou IRA parce qu’à la fin du 20eme siècle, au moment où l’Europe se cimente, chacun sait qu’une guerre civile perdure à une heure d’avion de Paris. Il ne s’agit pas dans ce roman de faire un cours d’histoire, bien sûr, mais simplement d’organiser la rencontre du lecteur avec des acteurs de ce conflit, personnages que l’on suit de 1966 à nos jours, des enfants qui grandissent dans les flammes de la guerre civile et qui devront choisir un camp, quitte à devenir des assassins.

J’ai habité quelque temps en République et ai eu l’occasion de revenir plusieurs fois dans le sud et dans le nord, à partir de la fin des années 80. Tous ceux qui ont mis un pied en Irlande vous le diront : le coup de foudre est immédiat et dure toute la vie ! Il y avait longtemps que je portais cette histoire irlandaise qui mêle histoire et mythologie. La voici !

Le sujet de ce roman est en partie politique. Tu voulais faire passer des choses par rapport au monde dans lequel on vit ?

Sous la houlette d’un religieux, l’un des gamins « se radicalise » et en vient à poser des bombes dans une mission purificatrice assignée par Dieu ! Je crois que l’écho avec les attentats qui nous ont frappés est assez clair. Je souhaitais parler – j’imagine que c’était une forme de catharsis, ou d’exorcisme – de ces assassins qui croient lire dans leurs livres saints des appels aux meurtres. Même si je doute que ceux qui nous attaquent aujourd’hui aient quelque lien que ce soit avec une religion ou un dieu, je souhaitais que mon personnage lui suive ce chemin jusqu’au bout, jusqu’à la démence meurtrière…

Entre passé et présent, ton écriture évolue considérablement d’un passage à l’autre du roman. C’était un challenge pour toi, l’amoureux de la langue ?

L’Irlande est assez belle pour que l’on soit lyrique lorsque l’on parle d’elle ! Je pense qu’on ressent mon attachement, mon affection pour ce pays. Mon écriture est certainement plus poétique quand j’évoque le passé et les heurts entre catholiques et protestants, la lande irlandaise. Le présent, c’est le temps de Mehrlicht ; on y trouve plus de dialogues, plus de gouaille et plus d’humour aussi. Puisque le roman était bâti sur cette diachronie, de ces allers retours entre le passé en Irlande et le présent en France, je me suis efforcé de donner des tonalités différentes à ces deux facettes du récit.

Ce nouveau roman est particulièrement dense, encore plus que les précédents…

Tout à fait. Jusqu’ici, j’ai écrit des romans de 600 000 signes. On est là à 750 000… Manifestement, j’en avais gros sur le cœur !

Plus sérieusement, il me fallait donner au lecteur les cartes pour comprendre les enjeux du roman, les décisions des personnages, leur évolution. C’est un travail délicat, cet apport de documentation, si l’on veut éviter d’être pontifiant, donneur de leçon ou juste chiant. L’apport historique doit donc être diffusé au compte-goutte dans ces pages.

Enfin, ce roman est avant tout un polar avec ses multiples rebondissements, ses révélations, ses retournements, jusqu’à la fin. Alors oui, tout cela prend un peu de place !

Même si c’est ton histoire la plus sombre à ce jour, tu as veillé à ce que l’humour soit toujours bien présent avec Mehrlicht et ses acolytes…

J’essaye de conserver cet équilibre dans mon écriture. Je ne souhaite pas asphyxier mon lecteur en lui maintenant la tête sous une eau noire jusqu’au dernier chapitre. Je tiens à ce qu’il respire, qu’il garde la tête froide et qu’il réfléchisse. Cela ne m’empêche pas de lui replonger la tête sous l’eau assez régulièrement ! Du frisson, de l’inquiétude, de l’empathie, de l’effroi… j’espère que ceux qui lisent mes romans ressentent ce panel d’émotions, entre autres ; à quoi servirait-il d’écrire ou de lire sans cela, si l’on ne ressent rien ?

Mais je tiens aussi à ce que le lecteur puisse apprendre des choses, avoir un avis propre, réagir à un point de vue neuf. L’humour est un excellent medium pour faire passer des idées même décalées. Le personnage de Mehrlicht est le principal vecteur de cet humour, parce qu’il est lui-même en décalage avec son époque et peut proposer d’autres lectures, parfois franchement loufoques, de la réalité. Et puis, que veux-tu, on ne se refait pas : je suis un indécrottable cynique…



Catégories :Interviews littéraires

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10 réponses

  1. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Rhoooo, mon Niko.
    Perso je suis fan de la première heure.
    L’heure des fous a été d’emblée un coup de coeur.
    Mais là, j’avoue, mister Lebel à encore franchi un palier.
    Il est trop fort.
    Merci messieurs pour ce bel entretien, ce Lebel entretien. 😉 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Eheh 😉

  2. Merci Yvan pour cette chouette interview ! Je suis fan de Nicolas depuis la première heure et l’ai rencontré deux fois déjà. Ce dernier opus est encore dans ma pal mais il n’y restera pas longtemps !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      tu vas te régaler 😉

  3. Stef Eleane – Ouverture d'âme et de cœur sur mes lectures

    Super retour ! D’ailleurs représentatif de petit dej organisé samedi dernier par l’association Lire c’est libre. Lui qui ne devait durer que 2 heures a été en réalité un échange de 4 h. On avait un homme passionné, incollable sur ce conflit. Cet auteur est vraiment exceptionnelle par sa disponibilité, son humeur, sa bonne humeur et ses connaissances !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      un beau résumé de l’auteur et de l’homme 😉

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