A déconseiller aux batrachophobiques
A moins d’être atteint de batrachophobie* au point de ne pas pouvoir voir en peinture le capitaine Mehrlicht, avec son faciès de batracien et ses saillies verbales qui déclenchent des rires de baleine, comment ne pas être fasciné par cette histoire ? Un récit drôlement sombre, où les ténèbres découlent paradoxalement de plus de lumière. Lueurs aveuglantes déclenchées par une tueur pyromane, lumière braquée sur un conflit ancien.
L’IRA, ça vous parle ? Non, ce ne sont pas les initiales du mouvement pour l’Idiocratie Régionale des Analphabètes. Il s’agit de l’armée républicaine irlandaise regroupant nombre d’organisations paramilitaires en lutte contre la présence britannique en Irlande du Nord. Le conflit irlandais qui a atteint un pic durant les années 70.
Some say the devil is dead
C’est cette discorde (pour parler poliment) qui a servi d’étincelle à l’embrasement qui se propage dans Paris en ces fêtes de Pâques 2016. Le passé a toujours des répercussions sur le présent, et on apprend toujours de lui. Cette guerre fratricide a engendré la naissance d’un diable.
De cauchemar et de feu est sans aucun doute le roman le plus sombre et le plus dense de l’auteur, tout autant que sa nouvelle référence. Un polar engagé, qui parle de notre monde. Un polar brillant, pour ne pas dire flamboyant, qui laisse des traces (de poudre) indélébiles.
En plein état d’urgence, l’équipe de Mehrlicht se retrouve confrontée à une situation inédite en matière d’attaques dites « terroristes ». Mais peut-on vraiment qualifier ainsi les meurtres qui s’accumulent ?
Amoureux de la langue
Nicolas Lebel a pris le parti de raviver la flamme d’un passé qu’on croyait révolu, en alternant scènes se déroulant en Irlande à partir des années 60 et passages contemporains. Lui, l’amoureux de la langue, a modelé sa narration pour coller au mieux aux différentes ambiances.
Des bons mots de ses enquêteurs aux mots durs d’un conflit enraciné, sa plume sait se faire légère ou plus pesante, au gré des émotions qu’il veut susciter. Une écriture léchée par la flamme toujours vivace de l’inspiration et du talent. Une mise en situation qui nous fait vivre de l’intérieur ces années irlandaises tout comme l’enquête actuelle. Malgré quelques rares longueurs, à mon sens, le tout est particulièrement prenant et hautement addictif.
Lancement définitif
Il faut dire que l’auteur manie comme personne l’art de passer du rire aux larmes, de la tension à la légèreté. Le tout montant crescendo, jusqu’à un final extatique, qui laisse sans voix.
De cauchemar et de feu a tout pour être le polar qui lancera définitivement Nicolas Lebel sur la voie d’un succès mérité. Il a de quoi ravir les fans de la première heure, qui adoreront voir évoluer les personnages récurrents. Il a tout pour fasciner de nouveaux lecteurs exigeants, qui aimeront découvrir ici son univers soigné. The Lebel is not dead.
PS : je trouve la couverture absolument magnifique !
* peur incontrôlée des grenouilles
Sortie : 03 mai 2017
Éditeur : Marabout
Genre : Polar
Ce que j’ai particulièrement aimé :
Le contexte de l’histoire
L’humour
Le coté sombre
L’écriture, très fouillée
4° de couverture
Paris, jeudi 24 mars 2016 : à quelques jours du dimanche de Pâques, le cadavre d’un homme d’une soixantaine d’années est retrouvé dans un pub parisien, une balle dans chaque genou, une troisième dans le front.À l’autopsie, on découvre sur son corps une fresque d’entrelacs celtiques et de slogans nationalistes nord-irlandais. Trois lettres barrent ses épaules : IRA.
Le capitaine Mehrlicht fait la grimace. Enquêter sur un groupe terroriste irlandais en plein état d’urgence ne va pas être une partie de plaisir. D’autant que ce conflit irlandais remonte un peu.Dans ce quatrième opus, Nicolas Lebel nous entraîne sur la piste d’un un assassin pyromane, un monstre né dans les années 70 de la violence des affrontements en Irlande du Nord, qui sème incendie, chaos et mort dans son sillage, et revient aujourd’hui rallumer les feux de la discorde à travers la capitale
Catégories :Littérature
Etant donné que je suis fan de sa plume, cette sortie me semble un incontournable!!!!Je le veux trop et ton avis enthousiaste ne fait que confirmer mon choix!!!!;)
Merci Yvan ; comme d’habitude, un très beau retour ! J’étais au salon de Fargues samedi et j’ai pris à Nicolas (que j’avais déjà rencontré sur un autre événement) les deux derniers opus des aventures du Capitaine Merlicht. J’avais déjà adoré les deux premiers et je suis sûre de me régaler avec les suivants !
Mais pourquoi j’aurai peur des batraciens ?
Tu as perdu la tête mon ami, moi la première fan de Merhlich.
Si les grenouilles entraient par hasard dans mes phobies, alors le capitaine de mister Lebel m’en guérirait !
Mais, tu as raison sur un point, ou deux….
Ce roman est plus dense, plus sombre et il n’en ai que plus savoureux aussi !
Et oui la plume aiguisée de Nicolas s’affine encore ! 🙂
Bref j’adore ! voilà c’est dit !!!
Il me le faut, il me le faut, j’aime trop ma Kermit, moi ! J’adore aussi la cover avec l’espèce de poulpe… il donne aussi les scores des matchs de foot ?? 😆
Ah non pour le foot faut demander à Norek alors 😉
Il pourrait m’expliquer le truc du hors-jeu, Norek, parce que j’ai jamais trop capté ??? 😀
Il se bonifie avec l’âge le Lebel ! Mais qu’il est aimé cet homme…. c’est quoi toutes ces groupies 😉 😉