Elijah – Noël Boudou

Quand un écrivain se lance dans un premier roman noir, le risque est important qu’il n’ose pas sortir des figures « imposées ». Noël Boudou se fout de ce genre de problématique. Il est allé au bout des ses idées, et ça se sent tout du long.

Lumière noire

Un roman violent et très noir ne doit-il être que ça ? Elijah est la preuve du contraire. C’est sombre, d’une brutalité parfois étourdissante et pourtant… Je ne crois pas avoir lu beaucoup de romans noirs avec autant de lumière. L’auteur est extrémiste, excessif dans sa manière de dépeindre les pires comme les meilleurs sentiments, les pires comme les meilleures actions.

Elijah est un roman qui ne peut pas laisser indifférent. Il faut avoir l’estomac bien accroché pour supporter certaines scènes, tout comme le cœur face à d’autres passages qui ont de quoi le rendre léger comme gonflé à l’hélium.

Je lui ai trouvé quelques défauts à ce premier livre, l’ultra-violence de certains passages m’a heurté (ce n’est pas mon genre de prédilection). Mais, au final, ce n’est pas ce qu’il me reste de cette lecture. Je préfère garder le sentiment d’avoir partagé une tranche de vie de personnages entiers, qui ne font rien dans la demi-mesure (en bien ou en mal).

Amour des personnages

Parce que Noël Boudou aime ses personnages à la folie, au point de se permettre tous les excès. Il n’a pas peur de décrire précisément les scènes féroces tout autant qu’il ne craint pas de parler d’amour (fraternel ou autre) au risque de passer pour mielleux à certains. Pas de fausse pudeur chez Boudou, le cœur et les tripes sont posés sur la table, il n’y a plus qu’à se servir.

L’écriture est à l’avenant. Cash, âpre, hargneuse, déchirante parfois. On ne tourne pas en rond chez Noël Boudou, on y va franco. Ça donne un roman qui se lit d’une traite, plongé dans les pensées les plus intimes des protagonistes. Le cœur au bord des lèvres, la tendresse à fleur de peau.

Elijah est excessif, oui, mais Noël Boudou l’assume de la première à la dernière ligne. C’est clairement sa manière d’être écrivain, loin d’une quelconque posture.

Les lecteurs qui aiment ainsi sentir le souffle chaud de la violence et celui froid de la mort ne seront pas trompés par la marchandise. Ils seront peut-être davantage étonnés de trouver tant de lumière dans une pénombre aussi dense.

Lien vers l’interview de Noël Boudou au sujet de ce roman

Sortie : 27 février 2017

Éditeur : Flamant noir

Genre : Roman noir

Ce que j’ai particulièrement aimé :

Autant de noirceur et de lumière, c’est étonnant

Le côté cash 

4° de couverture

ELIJAH. C’est le prénom de mon petit frère. Celui que je lui ai choisi quand on me l’a mis dans les bras. Il est né alors que la violence était devenue une routine à la maison. Mon ivrogne de père terrorisait tout le monde et nous frappait tous les jours, ma mère et moi, sans que personne ne l’en empêche. Jusqu’à ce fameux soir… Quand j’ai eu dix-huit ans. J’ai attendu qu’il soit ivre à nouveau et je l’ai égorgé de sang-froid dans la cave. Hélas, ma mère venait de mourir sous ses coups en me laissant un petit frère pas comme les autres : ELIJAH .

Aujourd’hui, il a dix ans et il est handicapé. Je m’occupe de lui depuis sa naissance, je sais mieux que quiconque ce dont il a besoin. Il est mon unique raison de vivre. Ensemble on est plus forts que tout, rien ne peut nous séparer. Mais un jour ILS sont venus chez moi pour le kidnapper. Qui sont ces hommes ? Pourquoi cet enlèvement ? C’est depuis ce moment-là que j’ai perdu toute raison. Je suis devenu un monstre. Comme eux. La traque pour retrouver ELIJAH , qui ne survivra pas longtemps sans moi, a commencé…



Catégories :Littérature

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20 réponses

  1. Merci à toi pour cette jolie chronique m’sieur Yvan 😉

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Merci à toi pour être toi-même dans ton écrit. J’aime cette sincérité

  2. Claque monumentale, ému jusqu’aux larmes. Voilà ce qu’est Elijah…

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Cri du cœur 😉

  3. belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

    Lui, faut que je le lise aussi ! N’hésite pas à me menacer si je traine de trop 😉

  4. Très bientôt au programme!!!!;)

  5. Lord Arsenik – Noumea - Nelle-Calédonie

    Un uppercut ce bouquin !

  6. Comment résister à l’envie de lire un tel livre ? Honnêtement, après lu le résumé et la chronique je n’ai qu’une envie : foncer acheter ce bouquin et le dévorer, n’en laisser aucune miette !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Ce livre va peut être te laisser en miettes, lui 😉

  7. Après la chronique de Lord Arsenik, la tienne maintient mon choix : cette lecture devrait beaucoup me plaire 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Avec le Lord, double effet ;-). Bonne future lecture !

  8. J’aime les mots que tu as posés sur cette chronique mon ami.
    Il a bien de la chance Noel 🙂
    Et je suis curieuse de faire la connaissance d’Elijah 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      très très curieux de ton avis, vraiment

Rétroliens

  1. Interview – 1 livre en 5 questions : Elijah – Noël Boudou – EmOtionS – Blog littéraire et musical

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