Interview – 1 livre en 5 questions : La prunelle de ses yeux – Ingrid Desjours

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1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre. 5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.

Ingrid Desjours

Titre : La prunelle de ses yeux

Sortie : 13 octobre 2016

Éditeur : La bête noire

Lien vers ma chronique

Bonjour Ingrid. Depuis « Les fauves », et tout autant avec ce nouveau roman, je sens tes histoires davantage connectées au monde qui nous entoure, à notre société. Je me trompe ?

Bonjour Yvan. C’est vrai, j’aime de plus en plus ancrer mes personnages dans la réalité et en faire les témoins de notre époque. Ça me donne la possibilité de mener une réflexion et d’avancer avec mes lecteurs, de livrer des ressentis plus personnels aussi.

C’est une démarche à la fois intellectuelle et émotionnelle mue par le besoin de partager davantage qu’une histoire.

La manipulation, vaste sujet. Sujet idéal pour un thriller qui se veut proche des hommes, comme le tien ?

La prunelle de ses yeux ne parle pas tant de manipulation que des apparences, de la culpabilité, de ce qui sous-tend nos actions bonnes ou mauvaises, ainsi que des deuils nécessaires pour avancer… Il est effectivement très humain.

Sans trop en dire, avec ce roman tu te confrontes au problème des élites et des castes. C’est un sujet prégnant quand on veut donner une image de notre société d’aujourd’hui ?

Ah mais je suis d’accord pour en parler un minimum tout de même !

Une partie de l’intrigue a lieu, en effet, dans une grande école où la pression est telle que pour la relâcher un peu, le phénomène de bouc-émissaire est amplifié et porté à son paroxysme lors de séances de bizutages qui vont aller beaucoup trop loin. Humiliations des nouvelles recrues, harcèlement, atteinte à l’intégrité physique, incapacité de s’arrêter parce que le pouvoir qu’on gagne sur l’autre finit par griser… jusqu’au drame.

Mais cette tension-là aurait aussi bien pu être celle d’une usine aux objectifs de rendements inhumains. En fait c’est plus le phénomène de meute qui m’a intéressée, ici. De ce qu’on est prêt à accomplir pour en faire partie, pour ne pas être sa proie, pour avoir le sentiment d’exister…

Cette histoire est surtout, et encore une fois, un formidable récit humain, qui fait la part belle à des personnages difficiles à cerner et à des sentiments exacerbés…

La prunelle de ses yeux est avant tout l’histoire de trois magnifiques personnes qu’un drame a reliées sans qu’elles comprennent elles-mêmes comment, pourquoi… et qui vont, tout au long de leur progression, tenter de se voir enfin telles qu’elles sont, de s’apporter un peu de lumière et de chaleur aussi.

Chacun des personnages porte sa part d’ombre, mais aussi une petite lueur qui va éclairer les autres.

Un des personnages est aveugle. Tu as travaillé ton écriture pour qu’elle fasse appel à tous nos sens et pas seulement à la vue…

Gabriel souffre d’une cécité de conversion, c’est-à-dire qu’il est devenu aveugle suite à un choc émotionnel. Dans les chapitres écrits de son point de vue, il m’a donc fallu supprimer toute référence visuelle. A la place, j’ai du faire appel au champ lexical des autres sens pour permettre à mes lecteurs de se glisser dans la peau d’un non-voyant.

Ça m’a demandé pas mal de travail : j’ai fait beaucoup de recherches sur la cécité, discuté avec des personnes privées de la vue, et je me suis moi-même mise en situation, un bandeau sur les yeux, pour accomplir des tâches quotidiennes ou même me déplacer dans la rue. C’est ce qui m’a permis de décrire le plus justement possible les sensations de Gabriel, d’aborder certaines scènes sous un angle inhabituel pour les lecteurs et de leur rappeler qu’on ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel étant invisible pour les yeux…

Merci pour ces questions, Yvan.



Catégories :Interviews littéraires

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9 réponses

  1. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    J’ai pas encore lu ce dernier titre d’Ingrid ! Mais là j’avoue vous me tentez et m’intriguez tous les deux !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      et tant mieux, tu sais ce qu’il te reste à faire 😉

  2. belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

    Pas encore lu, mais lorsque je le ferai, ce sera sans bandeau sur les yeux !! 😆

  3. Jamais rien lu de l’auteure mais ce titre me donne envie MAINTENANT;-)

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      ahah, j’espère que tu as trouvé un libraire ouvert 😉

Rétroliens

  1. La prunelle de ses yeux – Ingrid Desjours | EmOtionS – Blog littéraire et musical – Chroniques, avis, comptes-rendus

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