Pris à la gorge
Attends-toi à ressortir de cette lecture avec quelques bleus, à l’âme et au corps. Parce que Misha Halden ne fait pas dans la demi-mesure et ses mots sont autant d’explosions de couleurs que des meurtrissures.
Après une introduction trompeuse, l’écrivain te prend à la gorge pour ne plus te lâcher durant 210 pages. Misha Halden serre et desserre son étreinte page après page, juste de quoi laisser passer un mince filet d’air, avant de t’étouffer plus encore. C’est physique comme lecture. A force de te prendre une droite et une gauche au détour des chapitres, tu te dis que ça va laisser des traces.
Oui, ce roman noir marque. Par ses personnages, par son histoire et surtout par l’écriture très personnelle de l’auteur. Si tu cherches un truc mièvre pour tuer le temps autant passer ton chemin. Si tu veux lire du noir qui remue ton humanité, ce livre est peut-être bien fait pour toi.
Violence et émotions
Parce que tout y est exacerbé, la violence comme les émotions positives (et elles sont légion). Ne me fais pas dire que tout est trop exagéré pour autant, c’est au contraire le genre de roman sans concession qui repousse les limites sans que ce soit artificiel. Ça sent la chair, le sang et la sueur. C’est animal et humain à la fois. Ça mord et ça caresse, ça t’aboie à la gueule.
Tu verras que le personnage principal te parle en direct, comme je le fais ici. Tu imagines bien qu’avec tout ce que je t’ai dit, la force de ses mots n’en est que plus puissante. Parlons en, tiens, des personnages. Tout tourne autour d’un homme et d’une femme, si différents mais qui ont comme point commun de ne pas trouver leur place dans la société, ou de refuser celle qu’on tente de leur imposer.
Comme dans tout bon roman noir, il y a des idées et des messages qui passent. Sur le droit à la différence, sur l’état de notre société malade… Et tu peux me croire, quand Misha Halden te parle, elle envoie du lourd. Certaines envolées sont de vraies diatribes contre notre société de consommation (ou de con tout court).
Plume écorchée
Sincèrement, je ne crois pas avoir souvent goûté à une plume pareille. Une écriture écorchée, qui te découpe en rondelle. Une écriture magnifique surtout, si unique et si personnelle qu’elle m’a fait ouvrir de grand yeux ébahis. De grands yeux admiratifs, avec la mâchoire qui tombe, tu sais comme dans Tex Avery. Sauf qu’on n’est pas là pour rigoler…
Tu n’imagines pas le nombre de passages que j’ai eu envie de relire en me disant que La viande des chiens, le sang des loups n’est vraiment pas un roman comme les autres. Tu verras que tu as parfois l’impression de lire un conte moderne, ce qui n’est pas si étonnant quand on sait que l’auteur qui se cache derrière ce pseudo écrivait des romans de l’Imaginaire jusqu’à présent. L’imaginaire au service du réalisme, c’est maintenant.
Ce livre ne plaira sans doute pas à tout le monde. Tu vas adorer (comme moi) ou peut être détester, mais je doute que cette écriture te laisse indifférent. On y appelle un chien, un chien, et tant pis si c’est dit avec brutalité parfois.
Allez, je vais aller panser (penser ?) mes plaies et je retourne au combat aux cotés de Misha Halden quand elle veut.
Lien vers l’interview réalisée avec Misha Halden
Sortie : 10 novembre 2016
Éditeur : Fleuve Editions
Genre : Roman noir
Ce que j’ai particulièrement aimé :
L’écriture, l’écriture, l’écriture !
Les personnages écorchés
Les messages qui passent
Ce que j’ai moins aimé :
Trop court
4° de couverture
» La môme, elle a les yeux verts, quelque chose entre l’eau et la mousse d’arbre. Un truc sombre, qui te donne envie de te noyer. Quand elle mouline, quand elle cherche un truc dans son cerveau, ça devient un gouffre, comme les photos des entrées de grottes, et tu sais que, même si c’est pas possible, y a des monstres qui vivent au fond. Et t’as envie de te pencher, pour écouter leur cœur battre salement. «
Cette môme, c’est Lupa, sorte de femme-enfant surgie des bois qui fait irruption dans la vie de Rory. D’où vient-elle ? Que fuit-elle ? Qui sont ceux qui la traquent ? Qu’inspire-t-elle de si crucial pour qu’on la surveille à ce point ? Et que vient faire Rory dans ce conte noir ? Lui qui se vit comme un vieux chien sans collier en cultivant gentiment sa misanthropie va devoir renouer avec une certaine forme d’humanité.
Catégories :Littérature
Peut-être le genre de roman qui pourrait me plaire, la mièvrerie n’étant pas trop mon fond de commerce. Une petite case à cocher, pour plus tard…
Amitiés.
Je le veux!!!!Je sens qu’il pourrait bien me plaire……
Yvan, c’est toujours trop court ! Surtout quand c’est bon… 😛 Donc, si j’ai tout compris, tu as bouquiné les pieds plongés dans le sang chaud en rongeant l’os à moelle de ton chien ? Un petit Dentastix pour l’haleine ?? 😆
Coché ce livre aussi, mais foutre dieu, j’arrive pas à lui mettre la main dessus… le loup ne se laisse pas attraper ! 😉
Une belle chronique qui donne envie de bouffer la gamelle du chien…. heu, de lire ce roman !
J’avais la tête plongée dans le sang, les pieds étaient en l’air 😉
Heuk, quelle horreur, un 69 durant la mauvaise période…
JE SORS !!!!
Putain de chronique mon ami ! Si après ça on a pas envie de lire ce roman. …
je me suis senti inspiré, tu l’as vu
que oui 🙂
Ben mince comment j’ai pu passer à coté de ton avis ! Peut-être prise dans mes dernières révisions !
Comment en sortir indemne de ce roman ? Il te bouscule comme c’est pas possible !! J’ai ressenti exactement la même chose effectivement ! J’ai adoré ses passages sur la différence et sur la société de consommation ! Bien vu et surtout bien écrit !! vivement le prochain tiens !