Après Un Black coffee très remarqué, Sophie Loubière revient, trois ans après, avec ce White coffee. Une suite sans en être vraiment une, avec des personnages communs dont on suit l’évolution après les tragiques événements qui se sont déroulés sur la route 66.
Ambiance étrange
Ce roman est à ce point différent du précédent qu’il peut se lire individuellement. Mais sincèrement, je conseille fortement de commencer par Black coffee, tant les souvenirs d’un passé proche (ou lointain) ont des incidences sur le présent des protagonistes. Pour comprendre un homme, il faut connaître son passé.
Autant le précédent roman était sombre, autant celui-ci baigne dans une ambiance étrange. Le « white » du titre n’est pas là juste pour faire le lien avec le « black » du premier roman. Il décrit assez bien cette atmosphère évanescente, trait d’union entre relations interpersonnelles et une « matière » plus insaisissable.
Oui, étrange vraiment de lire ce roman qui flirte avec tant de genres sans jamais vraiment s’y engouffrer ; entre littérature blanche et littérature de genre. Littérature c’est le mot, autant proche de celle de l’Amérique contemporaine, que policière, ou encore de l’étude de mœurs à la française. Le tout à travers imposantes 620 pages.
Vraie exigence
On peut parfois avoir l’impression que Sophie Loubière a déconstruit son récit, qui se déroule à la fois aux États-Unis et en France, alors qu’elle sait parfaitement où elle va. Entre réminiscences du serial killer au centre de Black coffee et relations qui se lient ou se délient entre les personnages, elle ne propose pas une construction banale et linéaire de son histoire. C’est assez déstabilisant en début de lecture, surprenant tout du long, et vite addictif si on aime perdre ses repères (ce qui est mon cas). Un roman choral, comme on dit.
Une lecture à la fois aisée, à coups de chapitres courts, mais qui demande pour autant une vraie concentration. Pas le genre de récit qui tombe dans la facilité, mais qui au contraire fait preuve d’une vraie exigence. Exigence littéraire et volonté de ne pas tomber dans les clichés.
Cela donne un roman vraiment inclassable, où les personnages sont placés au centre et les relations humaines au cœur. On y retrouve des thématiques chères à l’auteure, certaines obsessions qu’on retrouve dans nombre de ses romans : la place du père ou ses défaillances, les apparences trompeuses, le passé posant son ombre sur le présent.
Transgenre
Pas étonnant que la quatrième de couverture laisse la parole à Thomas H. Cook. Ils ont la même propension à laisser du temps au temps, à diluer l’histoire dans les relations entres les personnages et à nous dévoiler petit à petit le vrai sens du tout.
Il y a de l’amour dans White coffee, de l’étrangeté, de l’émotion. Un roman transgenre qui m’a parfois perdu, m’a retrouvé ensuite. Un vrai jeu de piste littéraire qui ne fait aucune concession aux modes, et où le fil de l’intrigue semble parfois nous échapper, jusqu’à comprendre que ce fil conducteur n’est pas unique.
Lien vers l’interview réalisée avec Sophie Loubière au sujet de ce roman
Sortie : 13 octobre 2016
Éditeur : Fleuve Editions
Genre : Littérature policière, américaine, française
Mon ressenti de lecture :
Profondeur : 8/10
Dimension de l’intrigue : 7/10
Psychologie : 8/10
Qualité de l’écriture : 8/10
Émotions : 7/10
Note générale : 7,5/10
4° de couverture
Black Coffee : la suite !
Pierre Lombard n’a qu’une hâte : quitter les États-Unis, retrouver sa femme et son fils, renouer leurs liens brisés sur la Route 66, ce jour où la tentation d’un ailleurs l’a fait déserter sa vie, effacer l’ardoise de ces quatre années passées dans la clandestinité et l’ombre d’un tueur en série, David Owens, dont il a malgré lui écrit les mémoires.
Pierre a beau être bourré de remords, quelque chose gronde en lui, un appétit de revanche. Le voilà prêt à tout pour reconquérir Lola et Gaston.
Mais plus rien ne rattache Lola à cet amour et encore moins depuis qu’elle a croisé la route de Desmond G. Blur, sans lequel Davis Owens serait toujours vivant. Desmond G. Blur a une idée fixe : Lola.
Et désormais de quoi s’occuper tandis qu’il éprouve leur séparation géographique : la paisible ville de Chautauqua, où il séjourne dans le cadre de ses conférences, est secouée par d’étranges manifestations – des morts suspectes, des disparitions d’objets et même l’amphithéâtre de l’église qui se met à jouer la nuit sans raison… Voilà où il en est, se tenant à distance de Lola – qui doit composer avec le retour de son mari instable – quand celle-ci l’implore de la rejoindre en France au plus vite.
Catégories :Littérature
Il a l’air très ambitieux et très fort de café ce roman 😉
Et bien, là, je bois un café noir, mais je viens de rajouter non pas un, mais deux livres de plus dans ma Wish….Encore….Allez je finis mon café, ça au moins j’en ai des litres chez moi…..;)
Punaise, encore une très belle chronique qui va donner envie aux de nombreux lecteurs qui te suivent de découvrir cette auteure.
Moi perso, je suis intriguée. 😉
Tiens, il me semblait que tu ne buvais pas de café, toi !! 😆 Bon, je dois encore boire mon black coffee avant de me faire le white et je vais faire comme ma binômette : finir mon café à moi !! 😀
Joli billet, tu piques ma curiosité 😉
Un roman vraiment original dans sa construction, écoute donc ce que te dis ta curiosité 😉