Interview – 1 livre en 5 questions : Lux – Maud Mayeras

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1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre. 5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.

Maud Mayeras

Titre : Lux

Sortie : 06 octobre 2016

Éditeur : Anne Carrière

Lien vers ma chronique du roman (Note : 9/10)

C’est la première fois qu’un de tes romans est clairement localisé. Pourquoi l’Australie ?

Localiser une fiction est un réel handicap pour moi, car j’ai du mal à me plonger dans un lieu existant avec une histoire déjà rodée et connue, un passé immuable. Je voyage trop peu pour connaître d’autres pays, d’autres villes assez bien pour pouvoir y localiser un roman. Alors, je prenais des bribes ici et là, glanées au gré de visites, des clins d’œils à ceux qui me connaissent sur le bout des doigts.

Cette fois, il s’agissait d’un défi, lancé par mon éditeur, Stephen Carrière. Localiser une histoire dans un lieu existant. Tout m’attirait sauf les Etats Unis. J’ai donc procédé d’une manière un peu particulière. J’ai posé une mappemonde devant moi, j’ai fermé les yeux et j’ai laissé tomber mon index. L’Australie.

J’ai pris l’Australie et renouvelé le manège. Mon doigt est tombé tout au sud, presque dans l’océan. Un village minuscule sur la côte, Ceduna, 2 500 habitants et d’énormes silos au dessus-de l’eau, remplis de plâtre.

J’ai découvert l’Australie au fur et à mesure du récit, j’y ai voyagé grâce à Google Street View, dans chaque rue, devant chaque boutique, chaque maison, chaque silo. Puis j’ai effectué un vrai road trip depuis mon canapé. 500 kilomètres de clics. Des paysages à couper le souffle, des histoires extraordinaires sur ces lieux abandonnés et désertiques. J’ai aimé ce choix du hasard. j’ai découvert un monde et je n’ai plus qu’une envie : le fouler pour de vrai.

Ce qui étonne dans ce roman (une chose parmi tant d’autres), c’est l’ambiance apocalyptique que tu y as imprimé…

Cette ambiance me fascinait déjà terriblement, avant même de localiser l’action dans un lieu qu’y s’y prêterait autant. La notion de fin de monde me terrifie et je voulais absolument l’explorer à ma façon. Pas forcément par un chemin évident.

Les couleurs et les paysages du sud de l’Australie se sont pleinement prêtés à cette expérience apocalyptique, en m’offrant des cratères surréalistes, des lacs solides, des plaines infinies, des mines d’or désertes.

Le chaos se retrouve aussi dans le comportement des personnages. Nous ne sommes pas dans une fable post-apocalyptique ou les hommes sont prêts à se dévorer entre eux. Il s’agit d’autre chose. Ici, ils sont dévastés.

Ils cherchent à quoi se raccrocher, une main, un cœur. Ils sont malheureux d’être solitaires.

Ce roman est très différent de tes deux premiers. C’était une volonté de départ de ne pas reproduire des schémas similaires ?

J’espère ne jamais me conforter dans un seul schéma. J’aime les défis et les méthodes complexes. L’autre objectif de Lux était de parler d’amour. Tout simplement pour la raison suivante : j’avais promis de ne jamais en parler.

Lux est une histoire d’amour, de cette sensation vénéneuse qui fait mal aux ventres et aux crânes. L’amour ne fait jamais de bien au final, il blesse, il tape, il met à genoux. Je voulais m’aventurer dans ce couloir là sans savoir ce que je pourrais trouver au bout, finalement.

On y retrouve quand même certaines de tes obsessions…

Je crois savoir de quoi tu veux parler. Les enfants sont encore présents ici. Cette matière que l’on peut modeler à loisir lorsqu’on a le pouvoir sur eux.

Lux est aussi ça. Des gamins écorchés par la vie et qui prennent des voies différentes, ni bonnes ni mauvaises. Mais qui grandissent avec ces douleurs au fond d’eux. Qui en font des choses positives ou bien abjectes.

Tu as une écriture vraiment unique. Là où la plupart des écrivains usent de descriptions, toi tu parles en odeurs, en couleurs et en émotions. C’est un travail que tu fais sur ta manière d’écrire ou est-ce-que c’est juste toi ?

Merci… non, cette partie là n’est malheureusement/heureusement (?) pas un travail. Je crois que je parle de cette façon, je ressens les choses de cette façon. Je fais partie de cette nouvelle génération qui se dit hypersensible, cela a des avantages certains, mais des désagréments assez violents également.

Cela semble étrange à certains, et puis dans les yeux des autres parfois, on ressent cette même façon de ressentir les choses. Car ce n’est que ça, de la sensation.

Comme disait Dewey dans Malcolm « Je peux sentir les couleurs. » Si je dis que je le comprends, je passerai pour folle. Mais il est difficile de résumer les choses aussi justement.

Bon, depuis peu, Maud a les cheveux blancs 😉



Catégories :Interviews littéraires

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14 réponses

  1. Maud Mayeras qui joue au jeu de Lucette…Trop marrant!
    Voilà encore un bon moment qui accompagne mon petit café du matin: lire tes interview, mais là, c’est juste le livre qui me fait le plus envie du moment….(Il arrive d’ailleurs…) , et l’auteure que j’admire le plus! Merci pour ça, c’est toujours fort intéressant de passer par ici (enfin mon banquier n’est pas trop d’accord). Bonne journée. 😉

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Ton banquier n’a rien à dire, c’est un moment de lecture incontournable. D’ailleurs ton banquier devrait l’acheter 😉

      • belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

        Oui, fuck les banquiers ! Faut dépenser les sous avant que les banques ne retombent en faillite !!

        Moi, je veux le roman ! Je braquerai des djeuns s’il le faut… 😉

  2. Oui moi aussi j’ai senti les couleurs, la terre …Et ça c’est un des talents de Maud que de transmettre tout ça avec sa plume ! Et en même temps, c’est elle qui le dit, on ressent cette hypersensibilité à fleur de peau ! Le jeu des questions/réponses est très fin et une belle complicité en ressort.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      C’est tout à fait ça, Kris ! C’est incroyable de nous faire sentir les odeurs et voir la variation des couleurs à travers des mots. C’est la preuve d’un talent unique

  3. Oui moi aussi j’ai senti les couleurs, la terre …Et ça c’est un des talents de Maud que de transmettre tout ça avec sa plume ! Et en même temps, c’est elle qui le dit, on ressent cette hypersensibilité à fleur de peau ! Le jeu des questions/réponses est très fin et une belle complicité en ressort.

  4. Thé mon oolong – Née de la mer et d'une pincée de feuilles de camellia sinensis

    Lire cette interview me fait patienter jusqu’à ce que Maud vienne sur Paris et qu’enfin, enfin, je puisse me plonger dans Lux ! 😜

  5. Smadj – Plus que des quatrièmes de couverture, plus que des résumés de films, c'est de la passion et de l'émotion que vous découvrirez ici.

    Si je n’étais pas deja convaincu, cette interview le ferait 😍
    Ah que j’adore sa façon de penser, d’écrire et de ressentir 💖

  6. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Rhooooooo, Maud est décidément unique !

  7. leslecturesdelouiseweb – L'idée est de partager avec vous mes lectures. "La lecture est une amitié" Marcel Proust

    Merci Yvan pour cette interview !
    J’ai découvert Maud Mayeras avec Lux.
    J’ai aimé son écriture, son hypersensibilité que j’ai ressentie également mais je n’ai pas accroché à l’histoire. Ce côté sombre m a gêné.
    Mais, je suis ravie de l avoir lu, et je lirai les précédents qui sont dans ma Pal !

  8. Je comprends pourquoi Maud pense à Dewey dans Malcolm ☺ le côté lunaire et étrange, ça lui va comme un gant ☺

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      C’est qui qui est lunaire ? Maud ? 😉

Rétroliens

  1. Lux – Maud Mayeras | EmOtionS – Blog littéraire et musical

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