Le condor – Stig Holmas

chronique littéraire

Il est de ces romans qui sortent du lot par leur manière de survoler les codes des genres. Il est de ces écritures qui chamboulent nos habitudes. Le condor de Stig Holmas est de ceux-là.

Le condor est un roman noir dont je serais bien en peine de vous résumer l’histoire. Ça tombe plutôt bien, cette lecture est à vivre davantage à travers les ressentis qu’à travers son intrigue.

La structuration par la déstructuration

Un récit inclassable et plutôt déstabilisant. Ou l’art de la structuration par la déstructuration. Je crois n’avoir jamais lu de roman construit ainsi, passant du passé (de moments du passé, au pluriel) au présent, telle une suite d’associations d’idées. Pas de chapitres, de simples sauts de paragraphes. Pas de fil d’Ariane, mais un enchevêtrement de lacets.

Étrange roman. Étrange personnage principal qui a vécu une multitude de vies, souvent dans la violence, et qui ne sait trouver sa place dans un monde qu’il ne comprends pas. Au point d’aller se perdre (ou se retrouver) dans la misère la plus ultime, dans une fange d’indignité qui pourrait aboutir à retrouver une certaine dignité.

Esprit ouvert

Paradoxal, à l’image du roman tout entier. Une lecture qu’il convient d’appréhender l’esprit ouvert, afin d’y plonger tête la première. Le seul moyen d’arriver à voler aux cotés de l’auteur norvégien.

Un auteur atypique dans le monde du Noir, davantage poète qu’écrivain de fiction. D’où sa manière très personnelle de conter cette très sombre histoire, en soignant avant tout son écriture. Une plume à la fois lyrique et âpre qui m’aura fait vivre d’étranges sensations. Tour à tour subjugué, déstabilisé, ou agacé (plus rarement), j’ai vécu cette lecture avec autant de curiosité que d’appétit. Certains passages m’auront fait chavirer le cœur, d’autres m’auront laissé un sentiment d’imperméabilité.

Interroger sur le sens des choses

Car Stig Holmas a (dé)construit son récit pour nous questionner sur la condition humaine. Il laisse planer le doute sur ses intentions, au point que chaque paragraphe est une surprise en puissance. L’art de nous interroger, avec force, sur le sens des choses ou le déterminisme.

Il n’est pas étonnant que certains crient au chef d’œuvre face à ce livre si hors des normes. Même si je suis plus mesuré dans mon ressenti, voilà le genre de lecture qui laisse des traces. On oubliera sans doute très vite l’histoire en elle-même, mais il restera certainement des impressions, des émotions et des cicatrices au delà de cette lecture.

Sortie française : 02 juin 2016

Éditeur : Sonatine

Genre : Roman noir

Mon ressenti de lecture :

Profondeur : 8/10

Dimension de l’intrigue : 6/10

Psychologie : 8/10

Qualité de l’écriture : 8/10

Émotions : 7/10

Note générale : 7,5/10

4° de couverture

William Malcolm Openshaw, poète, intellectuel et amoureux des oiseaux, a eu plusieurs vies. Depuis des années, il erre aux quatre coins du globe, de Mexico à Tanger, en passant par Bogotá et Le Caire, ne fréquentant que les quartiers les plus pauvres.  » Je me contente de traverser les villes, de les quitter en marchant lentement. « 

William est un homme hanté par de mystérieuses tragédies, par des secrets dont il ne parle pas. Au Portugal, à la suite d’une agression, il fait la connaissance de Henry Richardson, attaché à l’ambassade britannique de Lisbonne. Ce dernier semble en savoir beaucoup sur le passé de William, beaucoup trop même. Sur les disparitions, les morts violentes, les ombres et les trahisons qui ont jalonné son parcours. Richardson a peut-être même les réponses aux questions que se pose William sur sa vie d’avant, sur la tragédie qui a brisé son existence.

Une véritable partie d’échecs à l’issue tragique inévitable s’engage alors entre les deux hommes.



Catégories :Littérature

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17 réponses

  1. dealerdelignes – passionnée de lecture et de cinéma ,trés envie de partager mes deux addictions avec vous ;-)

    Toujours sur ma liste ‘ dés que possible ‘ un roman qui devrait me plaire 😉

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Oui oui il devrait

  2. Tu le décris tellement bien….J’ai adoré cette lecture, même si c’est vrai qu’elle est déstabilisante….Contente de voir qu’il est rentré dans ton planning de lecture….;)

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Tu vois que je chamboule mon planning en été 😉

  3. Smadj – Plus que des quatrièmes de couverture, plus que des résumés de films, c'est de la passion et de l'émotion que vous découvrirez ici.

    Jamais entendu parler de ce livre ni de son auteur mais tu m’intrigues là…

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      C’est le seul livre sorti en France à la connaissance. Très différent, tu l’as compris

  4. belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

    Au moins on sait que toi, si tu l’es, tu dors pas…. 😆 Il est sur ma pile, il m’attend.

    Minute culturelle parce que je viens de le lire dans un Canard dont je n’avais pas terminé la lecture (le spécial 100 ans)

    L’opération Condor est aussi le nom donné à une campagne d’assassinats conduite conjointement par les services secrets du Chili, de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay, avec le support tacite des États-Unis au milieu des années 1970.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Si tu avais lu Condor de Férey, tu n’aurais pas besoin de ton canard pour apprendre des trucs 😉

  5. Vincent Garcia – Montpellier

    Stig Holmas? Inconnu au bataillon! Raison de plus pour y prêter un oeil attentif… Et les soubresauts de l’Amérique latine sont un terreau fertile pour le roman, tous genres confondus. 🙂

  6. Lord Arsenik – Noumea - Nelle-Calédonie

    J’ai en stock depuis un moment… yapuka 😉

  7. C’est étrange. .. ta chronique est géniale. La note est bonne… mais je ne suis pas tentée 🙁

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Faut suivre son instinct

  8. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Rhoooo, contente que ce titre t’est touché à ce point.
    Encore une oeuvre qui sort de l’anonymat.
    Sortie il y a presque 20 ans chez un petit éditeur nantais, c’est la série noire qui nous le fais découvrir 5 ans plus tard.
    Il n’a pas vraiment fait beaucoup de bruit. Il faut dire que ce texte est vraiment singulier.
    Et puis miracle, Sonatine le ressuscite dans sa collection semi poche. Et hop le condor prends son envol.
    Et quand le condor plane ainsi au-dessus de vous, c’est que votre esprit est ouvert et vos neurones tournent au maximun de leurs possibilités. 😉

Rétroliens

  1. Le condor de Stig Holmas – Collectif polar : chronique de nuit

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