Julie Ewa est une jeune auteure alsacienne qui vient de faire une entrée fracassante dans la collection Spécial suspense des éditions Albin Michel.
Avec son roman, Les petites filles, nous sommes loin des ambiances de polars traditionnels, puisque l’intrigue se déroule en Chine, aux cotés d’une jeune héroïne (alsacienne). Un suspense original, qui parle d’un sujet fort.
Un grand merci à Julie pour avoir accepté de venir se présenter à nous et nous parler de son roman.
Lien vers ma chronique du roman
Photo : Maurice Rougemont, Leemage Opale
Merci d’avoir accepté mon invitation à la discussion. Avant de commencer, qu’est-ce-que je vous sers à boire en apéritif ?
Merci à vous ! Je commencerais bien par un petit punch, mais comme je suis raisonnable, je vais dire un thé froid au citron.
Question rituelle pour démarrer mes entretiens, pouvez-vous vous définir en trois mots, juste trois ?
En pleine évolution !
Vous débarquez chez Albin Michel, dans la prestigieuse collection « Spécial suspense ». Un sacré tremplin pour une jeune auteure alsacienne, non ?
Oui, et quel tremplin ! J’ai le sentiment d’avoir sauté dans les airs, et je n’ai pas encore atterri. Car je rêvais depuis des années de ce qui m’arrive aujourd’hui. J’ai commencé à raconter que je voulais être écrivain à l’école primaire…
Quant à Albin Michel, j’ai toujours considéré cette maison d’édition comme une sorte d’idéal, un peu inatteignable. Beaucoup d’auteurs que j’adore sont dans cette maison.
Une Alsacienne m’a d’ailleurs ouvert la voie : Agnès Ledig. Elle m’a conseillé de tenter ma chance, en envoyant mon manuscrit.
Passons au plat. Si vous aviez le choix, qu’aimeriez-vous manger là, tout de suite ?
La purée de ma grand-mère, avec des pommes de terre du jardin écrasées à la fourchette : personne ne peut rivaliser.
La Chine est un pays fascinant, qui peut intimider au premier abord. En choisissant la Chine, j’avais l’impression de m’attaquer à un gros monstre, aussi effrayant qu’impénétrable.
J’étais attiré par le côté mystérieux et mythique. Mais j’avais aussi envie de me confronter à mes propres préjugés, en plongeant dans une culture radicalement différente de la mienne.
Vous semblez savoir de quoi il en retourne concernant ce pays. On est assez loin des intrigues « wikipedia »…
Disons que je me suis beaucoup documenté, ce qui ne m’a pas empêchée de souvent remercier Wikipedia au cours de l’écriture !
Mais en fait, je ne suis pas sure de savoir vraiment « de quoi il en retourne », pour la simple et bonne raison que je n’ai jamais vécu en Chine. Je suis partie en voyage là-bas pendant un mois… mais j’ai écrit une fiction autour d’une image que j’ai construite, en recoupant des nombreuses informations émanant de différentes sources. Cela reste une construction toute subjective, un point de vue personnel.
Si je dis que cette histoire, outre un suspense, est avant tout un vrai message de défense du statut de la femme, qu’en pensez-vous ?
Il y a du vrai. En tout cas, je pense que mes deux héroïnes, Lina et Sun, seraient d’accord avec vous. J’aborde des thèmes délicats en rapport avec la place de la femme en Chine : les abandons de fillettes, les mariages arrangés, les stérilisations forcées, la soumission des épouses.
Je sentais comme un besoin irrépressible d’aborder ces thématiques, à la fois pour dénoncer ce que j’ai découvert, et pour essayer de le comprendre.
Vous avez décidé de raconter cette intrigue à coups de chapitres très courts et en alternant le passé et le présent. C’était un choix dès le départ, lors des vos travaux préparatoires ?
Oui, j’aime procéder ainsi. Je passe énormément de temps sur mon plan : plusieurs mois où j’essaie de trouver la meilleure façon de bâtir mon intrigue.
J’aime les chapitres courts, qui me permettent d’imbriquer plusieurs histoires les unes dans les autres, en maintenant le suspens.
J’alterne le passé et le présent pour montrer comment ils sont liés, et comment ce qui est actuel puise ses racines loin, très loin en arrière.
Le sujet est dur c’est certain, mais vos personnages sont humains et vraiment attachants. C’est important pour vous de mettre l’accent sur les protagonistes ?
Je ne m’imagine pas faire autrement. J’essaie de me mettre dans la peau de mes personnages, de m’imaginer ce qu’ils peuvent ressentir, et comment ils pourraient arriver à s’en sortir dans des situations extrêmement difficiles.
Un jour, j’ai lu un article sur ce que les psychologues appellent le « sentiment d‘élévation ». Lorsque nous voyons un individu accomplir un acte d’entraide et de courage, cela nous pousse à en faire de même, comme si l’altruisme était contagieux.
J’ai l’impression que cela fonctionne aussi avec la littérature, lorsque nous sommes faces à des personnages héroïques. Personnellement, cela me donne envie de me dépasser, de prendre exemple sur eux.
À un moment de ma lecture, je me suis demandé si vous n’alliez pas tomber dans la facilité avec la fin de votre roman. Au contraire, vous m’avez réellement surpris par sa noirceur (et j’ai adoré ça)…
Je suis contente que cela vous ait plu. Car pour être honnête, j’ai changé plusieurs fois la fin, sans savoir laquelle était la plus pertinente.
Je ne voulais pas terminer par une happy end, car je ne pense pas que ce genre d’histoire peut finir bien.
Pour la version finale, c’est mon éditrice qui m’a guidée, et je suis vraiment contente du résultat.
Ce blog est fait de mots et de sons. La musique prend-elle une part dans votre processus créatif ?
Non, j’écris plutôt dans le silence, pour être à l’écoute des émotions et des idées qui me traversent.
J’aime écouter de la musique quand je suis dans le train ou sur mon vélo, parce que cela me procure un sentiment de liberté.
Et pour terminer, je vous invite à choisir votre dessert préféré…
Des framboises en purée, avec de la crème et du sucre… Il en faut peu pour être heureux !
Catégories :Interviews littéraires
Très intéressant et encore plus tentée de lire son livre!!!;)
Elle a fait du bon boulot alors dans son interview 😉
Tu offre le repas complet maintenant ?
Le Yvan 2016 est généreux ! 😉
Oui c’est la nouvelle formule de la maison 😉
il manque le digestif !
L’interview est digeste en elle-même 😉
Très réussie cette interview. Ça fait envie 🙂
Et bien il n’y a plus qu’à se laisser tenter !
Bonne découverte alors 😉
Il est pour moi cet entretien.
Bien aimé ce premier roman.
Forcément on y parle de la condition des femmes 😉
Forcément 😉
Que veux tu mon ami, on ne se refait pas à mon âge 😉
Surtout ne change rien !! 😉
Collectifpolar était déjà là au moment où les veuves de guerre ont acquis le droit de vote après la 14-18. Collectif manifestait déjà avec les Sufragettes… notre sexe vaincra !
Et je vais aller m’acheter le roman, mais à une condition, que tu me serves un mojito…
Collectif Polar était déjà la quand le Mojito à été inventé. T’as qu’à lui demander à elle 😉
Elle a vu les dinosaures s’éteindre !! C’est dire… je pense qu’elle va me frapper, là…
Ce ne serait pas Collectif qui aurait inventé le mojito ??
Elle a vu le premier dinosaure naître ! 😉
Fou !
Pas de risque, quoi que !
Il dort dans ma PAL…. hâte de le réveiller…mmmm….
va réveiller les petites filles en douceur