Troisième volet de la trilogie anglaise de Michaël Mention, initiée par Sale temps pour le pays. Une fin en apothéose, à travers un livre qui peut se lire indépendamment, mais qui est intimement lié à Adieu demain.
…Et justice pour tous, le programme est annoncé. Il conduira le lecteur bien au-delà de ses attentes les plus folles.
Descente
aux
enfers.
A travers ce nouveau récit, Mention touche à des sujets hyper-sensibles. Il est question d’ignominies et de vengeance, des ingrédients particulièrement casse-gueules… avec lesquels l’auteur jongle avec intelligence, psychologie, émotions, force et retenue.
Mars 2014, sortie d’Adieu demain. Ma chronique : « Il y a les livres qui s’insinuent dans votre esprit ligne après ligne, page après page. Ceux qui vous obsèdent…omniprésents. Ceux qui vous chamboulent…différents. »
Septembre 2015, sortie de …Et justice pour tous, même sentiment obsessionnel, même impression d’urgence,
chamboulé,
bouleversé.
Combien de livres, dans une année, sont ainsi capables de me toucher à ce point… ? Ils se comptent sur les doigts d’une seule main, même si on m’amputait de plusieurs de ses doigts.
Il y a l’écriture tout d’abord. Personne, je dis bien personne, n’écrit comme Michaël Mention. Récit et construction bourrés de trouvailles stylistiques, écriture syncopée presque musicale,
viscérale.
L’écrivain a fait le choix d’alterner récit à la première et à la troisième personne. Judicieux choix.
D’un coté la description acide de la situation économico-sociale de la perfide Albion et l’enquête qui s’y déroule. De l’autre la déchéance d’un ex-policier.
Un vieillard décrépi, tombé dans l’alcool qui va être touché en plein cœur (comme le lecteur) par un événement personnel qui fera resurgir le passé.
(Cicatrice qui se rouvre, purulente)
Un personnage principal si loin de ce que nous proposent les polars et romans noir habituels. Un homme détruit qui, par la grâce de la plume de Mention, a littéralement touché mon âme et mes tripes. Poils qui se dressent sur les bras, larmes aux yeux, violence de la réaction. Indescriptible.
Mark Burstyn est presque mort
presque mort
presque.
…Et justice pour tous ou la quintessence du talent de Michaël Mention. Un feu d’artifice morbide dans lequel il se lâche encore davantage que dans le précédent opus, qui était pourtant déjà un sommet du genre. L’auteur au sommet de son art, au zénith des auteurs du noir.
« Prix Transfuge du meilleur espoir polar » pour ce roman. A la fois un prix mérité et une petite injustice tant Mention n’est plus un espoir mais l’un des plus grands auteurs du roman noir actuel. Injustice de voir ce roman directement publié en poche, alors que cette trilogie mériterait le plus bel écrin. Justice pour tous, ironie.
L’intrigue n’est pas en reste. Impensable, immersive, originale, émouvante, violente. Hypnotique pour le lecteur, psychédélique parfois à travers les pensées alcoolisées du vieillard qui se rebelle. Toujours rythmée par la musique, omniprésente comme toujours dans les romans de Mention.
Sujet particulièrement dur. L’auteur a travaillé son histoire, mélange de réalité et de fiction ; des personnages réels, d’autres fictifs, ou d’autres encore avec un nom modifié. De quoi donner une force supplémentaire à ce récit pénétrant. De quoi donner la nausée à l’idée que le cadre général de l’histoire est vrai, même si nous sommes dans une fiction.
Comment trouver les termes pour décrire le talent de Michaël Mention… J’en perd mes mots…
(Génie)
Une nouvelle réussite extraordinaire, preuve que le roman noir peut être lumineux, preuve qu’un roman peut s’insinuer en vous et vous changer. Preuve qu’il faut CRIER partout le talent inimitable de Michaël Mention.
Lien vers l’interview réalisée avec Michaël Mention au sujet de ce roman
Sortie : 09 septembre 2015
Éditeur : Rivages / Noir
Genre : Polar / roman noir
Notes :
Profondeur : 9/10
Dimension de l’histoire : 9/10
Psychologie : 9/10
Qualité de l’écriture : 10/10
Émotions : 9/10
Note générale : 9/10
Le postcast de l’interview de Michaël Mention sur France Culture
4° de couverture
Le superintendant Mark Burstyn, exclu de la police après l’affaire de l’Eventreur du Yorkshire, est aujourd’hui un homme âgé exilé à Paris. Hanté par son passé, il a sombré dans l’alcoolisme.
Seule lueur dans sa vie gâchée, sa filleule Amy, la fille de son ancien collègue Clarence Cooper.
A Wakefield, ce dernier se retrouve chargé d’une enquête sur l’orphelinat St Ann’s : des adultes affirment avoir été victimes de viols dans leur enfance.
C’est le moment où Mark Burstyn se décide à regagner le Yorkshire. Un retour qui va l’entraîner dans une croisade implacable.
Catégories :Littérature, Livre : les incontournables
Salut Yvan, une de mes lectures de la semaine prochaine avec Thomas Cook ! Que du bon en perspective ! Amitiés
Oh oui que du bon, mon pote 😉
Comment résister après de telles éloges ? Pourquoi résister d’ailleurs 😉
Pas encore trouvé Adieu Demain… Mais je suis en marche pour le trouver et lire Et Justice pour tous dans la foulée 😉
Ben oui, pourquoi ? ;-). Sincèrement curieux de ton avis
Bientôt j’espère 🙂
Là ca va être dur de passer à coté si tu le cries sur ton blog haut et fort!!!!!!Je note mais faudra que je commence par le premier! En tus cas, sincèrement intriguée par cette écriture!!!!Je veux du bouleversant quand je lis, je crois que cet auteur aurait de quoi me plaire!!!!!;)
merci de ce partage si enthousiaste en ce matin!!!!!!;)
j’adoooooooooooooooooooooooore ta chronique, la mise en page et tout et tout….;)
J’ai un peu singé l’auteur, pour lui rendre hommage dans ses trouvailles de mise en page ;-).
Le premier de la trilogie c’est plus froid, plus clinique, plus centré sur l’enquête. Les deux suivants sont bien davantage dans l’émotion, toujours avec un vrai sérieux dans l’enquête. Et quelles émotions !!
Je note je note!!!!Ben en fait je fais que ça quand je passe chez toi!!!!mdr
Toujours plus de lectures et toujours aussi peu de temps….
Je t’acheterai un nouveau carnet pour noter à Noël 😉
T’as raison ca sera un cadeau très utile!!!!!;) mdr
Superbe chronique, dans le fond et la forme, bravo Yvan !
Merci Fredo. Je me suis bien amusé et Mention m’inspire (et c’est rigolo de le singer un peu) 😉
Michaël Mention, le seul auteur qui, si je ne le lis pas, je risque ma peau !!! donc il sera lu, donc je vivrai ( si tu te rappelles pourquoi cher Yvan 🙂 )
Un vague souvenir 😉
Trilogie !!! mais j’ai pas lu encore les 2 premiers 🙁
Faut bien commencer un jour 😉
Wow wow wow.!! Tu me donnes une putain d’envie de lire ce bouquin! Tu sais que Adieu demain ne m’a pas vraiment charmée mais je ne demande qu’à me laisser faire 🙂
!
Ben oui je sais, notre presque seule grande différence ;-). Celui là est encore différent alors qui sait ?
je veux tester Le carnaval des hyènes avant
Pas encore acheté son p’tit dernier, mais c’est noté, parce que j’ai adoré les deux premiers !
Mais si on peut écrire comme Michael !! La preuve, tu l’as fait ! mdr
je ne fais que le singer, il est inimitable 😉
Mais tu fais bien le singe… je sors !!
Celui là je risque pas de le manquer tu en fais une si magnifique chronique.
Et en plus j’ai adoré les deux autres. enfin les 2 premiers opus de cette trilogie.
C’est quasi tout adoré chez mister mention. Sauf un, mes ça c’est une autre histoire. 😉
Celui-ci je suis certaine de le surkiffer.