Interview – 1 livre en 5 questions : Le massacre des innocents de Mallock

1 livre en 5 questions

1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre. 5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.

 Ma chronique du roman

La version poche du Massacre des innocents, qui vient de sortir en septembre 2014, a été entièrement revue pour l’occasion. Qu’est ce qui a changé par rapport à la version d’origine et comment as-tu procédé pour retravailler ton texte ?

Quand il m’est donné l’occasion de rééditer l’un de mes livres, je ne peux pas m’empêcher de le revisiter. Puisque le « Droit au repentir » m’est donné, pourquoi ne pas en profiter ?

Pour tout te dire, Yvan, j’ai l’impression de retrouver un jardin dont je me serais jadis occupé amoureusement, et qui serais resté en friche pendant quelques années. Alors j’en profite pour couper les branches mortes ici ou là, tondre un petit peu arroser les fleurs, arracher les mauvaises herbes, et replanter de nouvelles essences dans les espaces ainsi dégagés.

Pour être plus précis, (car le poète s’égare), j’ai coupé l’équivalent d’une cinquantaine de page dans Le Massacre des Innocents et ajouté, en particulier, tout ce qui concerne une nouvelle piste : « Le Mal des Ardents ».

C’est effectivement un véritable massacre que tu nous proposes tout au long des 543 pages de ce thriller littéraire. C’est presque une sorte de record à un tel niveau, non ? 

Ne lisant plus depuis une petite trentaine d’année, je ne saurais dire. Mais il est vrai que la… barbarie-baroque atteint des sommets dans ce deuxième tome.

Dans l’enquête suivante, Le Cimetière des Hirondelles, il n’y a qu’un « assassinat », du moins à la base. Ici, cette enquête basée sur une « épidémie de massacre » joue parfaitement son rôle et entre parfaitement dans la série des Chroniques Barbares (que j’appelle parfois ma comédie (in)humaine).

Dans ce cycle, chaque épisode se doit d’éclairer l’un des aspects les plus sombres de nos âmes. On peut dire que nous sommes ici dans le cinquième cercle de la Divine Comédie de Dante : la colère ! Et Dieu sait qu’elle est mauvaise conseillère, la bougresse (rires).

Cette affaire prend une telle ampleur qu’elle n’est pas loin de dépasser le seul commissaire Mallock, qui a plus que jamais besoin de toutes les forces vives de son équipe…

En effet, je n’aime pas trop les héros solitaires qui sont seuls à comprendre ce qui se passe, seuls à savoir tirer et défoncer les portes. J’aime bien, tout en laissant à Mallock le premier ou le dernier mot, le voir avec une équipe de plus en plus animée, intéressante et, parfois, contradictoire.

On ne veut pas rester seul, ni le commissaire ni moi. A tel point que je mets souvent le lecteur dans le coup. Lorsque l’énigme n’est pas assez originale, l’auteur complique et brouille les pistes de façon artificielle et sans soucis de véracité. Mes enquêtes sont complexes mais totalement construites, sans la moindre tricherie. Alors, pour donner une petite chance à mes lecteurs de dérouler l’écheveau de mon cerveau malade, je laisse des indices ici et là.

En relisant mes livres, tu pourras constater que j’ai toujours exposé le coupable aux yeux de tous, à un moment donné du roman. Même si, de ce fait, le lecteur parvient à suspecter un personnage, il sera obligé d’attendre la fin pour savoir comment cet enfoiré (d’auteur) s’y est pris.

Pour avoir lu toutes les aventures du commissaire Mallock, je trouve que c’est dans celle-ci qu’il y dévoile ses failles de manière la plus sensible. Qu’en penses-tu ?

Rassure toi, Yvan. J’en encore de nombreuses révélations à faire, qu’il s’agisse de lui ou de moi, un peu des deux. J’ai gardé un grand nombre de confidences, tant sur son passé de commissaire, que sur ses relations avec la drogue et la violence, ainsi que sur ses traumatismes d’enfance. De bien terribles choses lui sont arrivées, avant la mort de Thomas, lorsqu’il avait lui même l’âge de Tom.

Il faut peut-être rappeler que les Chroniques Barbares vont s’étaler sur 9 épisodes, (avec deux « cliffhanger » brutaux concernant le commissaire) à la suite de quoi, si Dieu-sait-qui me prête vie, il y aura une trilogie.

Cette dernière se fera sous forme de « préquelle », le dernier épisode se terminant où débute Les Visages de Dieu. Ces trois romans auront la particularité d’être écrits à la première personne, Amédée Mallock, le commissaire, prenant la plume à la place de Mallock, l’écrivain. Il me faut donc « dispenser » avec parcimonie tout ce qu’il y a à apprendre sur ce sacré commissaire jusqu’aux révélations finales.

Tu fais, une nouvelle fois, preuve d’originalité et d’un gros travail de recherches à travers ce récit. Cette partie de construction de l’histoire te prend-elle beaucoup de temps par rapport à la phase d’écriture ?

On peut en fait diviser en 5 parties mon travail sur un livre.

La toute première consiste à trouver l’idée. Elle doit être pleine de potentiel, extra-ordinaire, originale, stupéfiante, métaphorique, bouleversante… Échapper à tous les clichés et « déjà vus », sinon à quoi bon. Seule la première histoire, Les Visages de Dieu, a un peu perdu de son originalité du fait des livres et films parus depuis sa toute première version enregistrée à la SGDL en 1988. À l’époque, un pareil tueur en série n’avait pas encore vue le jour, à ma connaissance.

Pour trouver ces fameuses « idées », il me faut parfois 10 ans, parfois 1 jour. Aujourd’hui, je suis tranquille, je les ai toutes pour mes « 9+3 Chroniques ». Yes et youpi !

La deuxième partie consiste à construire un plan détaillé. C’est un travail qui se déroule en parallèle de l’écriture du livre précédent, et qui s’étale sur 3 à 4 mois.

La troisième partie, le travail de recherche, prend 2 à 3 mois, tout en sachant que ce travail se poursuivra tout au long de l’écriture du livre, au fur et à mesure des besoins. Historiques, techniques, géographiques, médicaux… tous les détails se doivent d’être parfaitement précis et recoupés en utilisant plusieurs sources. C’est par l’accumulation de détails véridiques que l’on met le lecteur en « suspension d’incrédulité » et que l’on rend la dramaturgie crédible… même s’il est à la limite du fantastique.

Attention jeune écrivain imprudent, au moment de la relecture, on se doit de retirer les trois-quarts des pages nées de cette recherche. D’expérience, c’est souvent passionnant, mais ça ralentit le récit. De toute façon, même supprimés, il en restera une trace… ne serait-ce que subliminale.

La quatrième partie consiste à rédiger la première version du roman. Ma cinquième partie consiste à revenir impitoyablement sur ce premier jet et faire une deuxième puis une troisième version. Ce sera cette dernière qui servira de base aux corrections (Cet ensemble « écriture » peut prendre une année).



Catégories :Interviews littéraires

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23 réponses

  1. J’ai bien fait de prendre 5 minutes ce matin pour revenir faire un tour sur ton blog.
    Merci pour ce flash interview. Je me suis régalée car comme toi, j’ai lu et apprécié l’oeuvre, et oui je parle d’oeuvre d’Amédée Mallock. Et là je suis encore plus curieuse de connaitre la suite voire même le tout début…
    Hum, je m’en régale d’avance.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Il vaut la peine d’être lu le Mallock, toujours passionnant même dans ses interviews 😉
      Moi aussi je suis super curieux de la suite !

  2. Rien que pour les explications sur sa méthode de travail, cette interview vaut le coup (mais le reste aussi, le Mallock a l’air d’être un sacré personnage !)
    Il faudrait que je jette un oeil à ses livres, mais je ne sais pas pourquoi, je n’arrive pas à m’y mettre. La faute en grande partie aux couvertures, qui ne m’inspirent pas du tout, j’avoue :-/
    En tout cas, merci Yvan pour cette nouvelle rencontre, passionnante encore une fois !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      merci à toi 😉
      Oui je confirme, c’est pour ce genre d’interview que je fais ce que je fais, je trouve ça passionnant !

  3. Vincent Garcia – Montpellier

    J’ai les « Larmes de Pancrace dans ma PaL, mais je voudrais lire « Le massacre » avant, histoire de rester dans la chronologie. En tout cas, fort intéressante interview que tu nous livres là. Mallock est décidément un auteur (et un personnage!) à part. 🙂
    Amitiés…

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      oui prends dans l’ordre tant qu’à faire, c’est mieux. super intéressant le bonhomme, je confirme 😉

  4. belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

    Hé ben, le travail d’écrivain n’est pas pour moi :/ à moins de publier un truc dans le genre « merci pour tous ces moments passés »… 😛

    Toujours instructif d’en savoir un peu plus sur le job d’un auteur et plus particulièrement sur ce qu’il a dû faire pour le roman. 😉

    Merci Amédée ! N’oublie pas les triplés ce week-end 😆

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      vous faites des blagues ensemble maintenant ? 😉

      • belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

        Mais oui ! Souviens-toi, le premier avril dernier… j’étais enceinte de triplés… et Amédée en avait revendiqué la paternité. 😉

        Au prochain salon, je viens avec Chouchou et lui prend son beretta 😀

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          il serait temps d’accoucher maintenant hein 😉

          • belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

            Attends, je pousse un coup et hop, c’est venu !!

  5. Interview très interressante! Elle me tente bien cette trilogie inhumaine…..;)

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      un auteur qui vaut vraiment la peine qu’on s’y attarde 😉

  6. Je sais ce qu’il me reste à faire. ..lire Mallock 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      rien à rajouter 😉

  7. quel homme mais quel homme!!!! je sais suis fan vous le savez .. merci à vous 2

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      eheh oui je le savais, mais il n’est jamais inutile de le répéter quand c’est un compliment ;-). merci Dav !

  8. Mais que voila une bonne nouvelle! Encore de nombreuses bonnes heures en compagnie de ce cher commissaire 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      sacré commissaire 😉

  9. Amédée me fait craquer….depuis notre rencontre…rien n’est plus pareil…quel mec quand même hein!!!!

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      ahah, ben va plonger dans ce massacre, alors 😉

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  1. Le massacre des innocents – Mallock | EmOtionS – Blog littéraire et musical
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