Interview – 1 livre en 5 questions : [Angor] de Franck Thilliez

1 livre en 5 questions

1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre. 5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.

La sortie d’un nouveau roman de Franck Thilliez est toujours un événement. Ce qu’il y a de formidable avec cet auteur, c’est qu’il sait si bien partager sa passion et nous parler de ses livres à la manière d’un making of (sans trop en dévoiler pour autant). 

Bref, cet exercice des 5 questions est vraiment fait pour lui ! 😉

Ma chronique de [Angor]

Le couple Lucie Hennebelle – Franck Sharko a vraiment pris une place importante dans ton quotidien de romancier…

On peut dire qu’ils font partie de la famille maintenant !

Je les connais bien, je pourrais en parler comme s’ils étaient de vraies personnes, je pourrais même faire croire aux gens ignorant mon statut de romancier que je connais un couple d’amis Sharko / Henebelle, et je pourrais en parler pendant des heures !

Au fil des années, ces deux personnages ont vraiment gagné en épaisseur, ont pris chair dans ma tête et sur le papier. Je n’imagine pas (encore tout au moins) d’écrire désormais une histoire policière sans eux.

Tu sais, créer des personnages est extrêmement compliqué. Il ne faut pas être dans le cliché, et le plus difficile est de leur donner une identité propre, sans que les lecteurs les comparent à d’autres illustres personnages de la littérature policière.

Aujourd’hui, j’ai le sentiment que Franck et Lucie ont leur propre identité, ils plaisent aux lecteurs, qui s’intéressent autant à ce qui va leur arriver qu’à l’intrigue. C’est plutôt bon signe !

Deux autres personnages prennent toutefois une place prépondérante dans cette nouvelle intrigue…

En effet. Il y a d’abord Camille, une gendarme spécialisée dans les scènes de crime (plus communément appelée « TIC »), un personnage que j’ai voulu vraiment singulier. Camille est une récente greffée du cœur qui, depuis toute petite, a de lourds problèmes de santé. Elle n’a pas pu grandir comme les autres enfants et a dû se créer une solide carapace pour évoluer.

Aujourd’hui, elle exerce au milieu des hommes, elle se sent bien dans cet univers très masculin. A sa place. Camille est très « carrée », elle sait où elle va et a, dans Angor, l’obsession de savoir qui était son donneur d’organe. Cela va l’entraîner dans une histoire inimaginable et la pousser dans ses plus profonds retranchements.

Je laisse également davantage de place à l’équipe de flics dans laquelle travaillent Lucie et Franck. Dans les romans précédents, Nicolas Bellanger, Pascal Robillard…, les collègues, n’étaient que des silhouettes, mais dans Angor, ils prennent vraiment matière, car dans la réalité les policiers travaillent en équipe, et je voulais me rapprocher le plus possible de leur quotidien. Ces différents personnages sont amenés à monter en puissance au fil des romans, car ils ont aussi des trajectoires qui méritent d’être creusées. 

Techniquement, l’apparition de Camille me permet de sortir du point de vue de Sharko / Henebelle, et d’ainsi créer une intrigue parallèle à celle que suivent les deux policiers. J’affectionne ce genre de construction, où l’on se demande en permanence comment les deux fils d’intrigue vont se rejoindre.

Angor est ton roman le plus long à ce jour (620 pages) et l’intrigue est tentaculaire…

C’est vrai. C’est un gros pavé, ce qui devrait réjouir les amateurs de thrillers ! Et encore, je suis vraiment allé à l’essentiel, j’aurais pu écrire 100 ou 200 pages supplémentaires mais j’ai préféré privilégier le rythme et le suspense, ne pas m’enfoncer dans les descriptions inutiles ou les divagations de personnages.

J’ai rencontré de nombreux écueils durant l’écriture. Quand on est plongé dans une telle histoire, si vaste et complexe, on se demande au fil de l’écriture si on va réussir à aller au bout.

C’est comme un camion qui s’approche d’un pont et dont le chauffeur se dit « c’est bon, ça passe », et qui se rend compte que ça ne passe pas quand le haut de sa remorque s’arrache parce que le pont est trop bas (ou la remorque trop haute !!). J’ai eu de la chance, car mon « camion » est passé à chaque fois, mais c’était souvent limite !!

Ce que je veux dire par-là, c’est que l’on peut avoir une histoire en tête, entrevoir un déroulement, une fin, mais qu’au moment de l’écriture, un tas de problèmes parfois très difficiles à résoudre apparaissent. Il faut alors se casser la tête pour trouver des solutions, revenir en arrière, emprunter d’autres chemins… Et crois-moi, quand t’écris depuis 7 ou 8 mois et que t’es à la page 400 de ton roman, c’est très compliqué de garder le cap pour aller au bout. Mais à la fin, c’est évidemment un plaisir immense. 

Une autre difficulté (elles sont nombreuses) est de raconter une intrigue complexe, mais sans que ce soit compliqué à lire pour le lecteur. Il n’y a rien de pire qu’un roman où l’on ne comprend rien, où il faut relire les pages précédentes pour comprendre le cheminement de l’intrigue.

Il faut également « vulgariser » toute la documentation souvent complexe que j’ingurgite, la rendre accessible pour que subsiste le plaisir de lecture.

Bref, il y a tout un tas de paramètres à gérer pour que le thriller soit le mieux construit possible, et c’est pour cette raison qu’écrire une bonne intrigue prend du temps (on me dit souvent qu’un an pour écrire de telles histoires, ce n’est pas long, mais quand vous y passez plus de 8 heures par jour, ça paraît interminable !).

L’ambition des dernières aventures du couple d’enquêteurs est toujours bien présente, mais j’ai eu également l’impression d’un certain retour aux sources avec cette histoire. Qu’en penses-tu ?

Oui, il y a finalement un peu de tout dans Angor.

Une intrigue complexe et d’actualité plus proche de mes derniers romans, un thème scientifique / médical traité un profondeur (autour du don d’organes cette fois), de l’émotion avec les personnages.

J’ai également pensé, en effet, aux lecteurs de la première heure, qui avaient accroché à la première aventure de Sharko, Train d’enfer pour ange rouge, et qui trouvaient que mes romans suivants s’étaient « adoucis » (tout est évidemment très relatif !).

Je pense qu’il retrouveront leurs sensations avec Angor, qui offre quelques passages bien corsés, nécessaires à l’intrigue. Je les ai juste écris différemment, mais l’intensité y est.

Sans dévoiler l’intrigue, tu nous plonges dans le pire de ce que l’être humain est capable de faire…

J’essaie à chaque fois que j’écris un roman avec mes deux policiers fétiches, on va dire que c’est un peu la signature !

Pour chaque livre, je traite d’un thème différent que je creuse en profondeur. Derrière ce thème, il y a la surface, ce que tous les gens savent, puis il y a ce qui se cache derrière, les dérives souvent liées au pouvoir, à l’ambition,  et/ou à l’argent.

Étant de formation scientifique, je m’intéresse plutôt aux dérives que la science peut engendrer, et je vais aussi loin qu’il le faut pour montrer jusqu’où l’homme est capable d’aller.

Angor n’échappe pas à la règle, plus on avance dans le roman, et plus on s’enfonce dans l’obscurité. C’est une lecture qui ne laisse pas indemne, je pense, surtout lorsqu’on fait soit même quelques recherches et que l’on se rend compte que la plupart des éléments abordés dans le livre sont vrais !



Catégories :Interviews littéraires

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15 réponses

  1. J’adore la simplicité de cet homme 🙂
    Encore un qui doit rejoindre ma pal.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      simplicité, gentillesse, et vraiment passionnant. il a tout pour lui 😉

  2. L'antre du bonheur – Booktubeuse, blogueuse, amoureuse des mots. Lectrice de romans en tout genres, de mangas et de bandes dessinées :)

    Quelle belle interview qui me donne encore plus hâte d’aller à la rencontre de l’auteur demain soir 🙂
    Merci Yvan 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Il est top ce Franck Thilliez ;-). Toujours d’une incroyable gentillesse et qui prend le temps de donner des clés à ces lecteurs. Un grand Monsieur, tout en simplicité

  3. le pire, le pire…je pense que le suivant sera sans doute pire (on sa rapproche dangereusement du cercle 😉 )

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Eheh

  4. Vincent Garcia – Montpellier

    Que rajouter à ce qui vient d’être dit? Un auteur hors normes, un maître du thriller « made in France »!

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Yes, cocorico !

  5. Je comprends de mieux en mieux pourquoi j’ai appelé mon chat « Franck »! Cet auteur me fait fondre…hihihihihi

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      pourtant il ne parle pas de chat dans son interview 😉

  6. Une superbe interview. Mon auteur chouchou <3 et il semble tellement gentil en plus 🙂 j'aime.
    *fan-club de Franck Thilliez* mdr bon je vais aller lire Angor 😉

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Je peux te le confirmer pour avoir eu la chance de le rencontrer plusieurs fois, cet homme est une crème ! Tant de talent et de gentillesse dans un seul homme, c’est trop ! 😉
      Bonne lecture et merci pour le message !

Rétroliens

  1. [Angor] – Franck Thilliez | EmOtionS – Blog littéraire et musical
  2. Récapitulatif des interviews 2014 | EmOtionS – Blog littéraire et musical
  3. Regards croisés sur mon Top 30 des romans lus en 2014 – De la 15ème à la 11ème place | EmOtionS – Blog littéraire et musical

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