Interview littéraire 2014 – Mercedes Helnwein

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Les éditions La belle colère ont publié cette année une petite merveille de roman avec La ballade d’Hester Day de Mercedes Helnwein.

Un roman caustique et décalé, qui met en lumière le personnage d’une adolescente étonnante, se retrouvant lancée dans un road trip détonnant.

Un petit bijou qui m’a donné fortement envie d’en savoir davantage sur son auteure, et ses multiples talents d’artiste.

Merci à mon pote Le lecteur de l’ombre pour avoir réalisé la traduction (suivez ce lien pour allez visiter son blog littéraire).

Ma chronique du roman

Question rituelle pour démarrer mes entretiens, peux-tu te définir en trois mots, juste trois ?

Thé, lait, sucre.

« La ballade d’Hester Day » est votre premier roman. Pouvez-vous nous le présentez avec vos propres mots ?

La ballade d’Hester Day est en définitive une histoire sur le sentiment de claustrophobie que peut engendrer une vie banale, et les efforts pour y échapper. Hester Day vient d’être diplômée et c’est véritablement le moment où la vie pourrait l’avaler toute crue. C’est là que le chemin de la banalité commence.

Mais elle ne réfléchit pas vraiment logiquement ou de manière réaliste la plupart du temps et donc elle crée un plan pour saboter sa vie. Seulement, son idée de saboter sa vie est beaucoup plus bizarre que n’importe quelle rébellion adolescente normale.

Hester Day est un des personnages les plus étonnants et atypiques que j’ai pu croiser durant ces dernières années. Elle a un sacré caractère cette jeune fille ! 😉

La fille dans cette histoire n’a pas l’angoisse adolescente qu’elle aurait dû avoir dans des circonstances normales et cela la rend beaucoup plus intéressante pour moi.

Elle est singulièrement résistante. Innocente, et en même temps elle a une conscience très aiguë et peut voir au travers des apparences de notre existence civilisée.

Ce roman met en lumière une adolescente, pourtant le roman peut clairement être lu par un large public, jeune et moins jeune…

Oui, et quand nous recherchions un éditeur, il y avait un malaise sur le fait de savoir si c’était un livre normal ou pour jeune adulte. Cela ne m’est jamais venu à l’esprit que, parce que le personnage principal était une ado, le livre devrait être réservé aux ados. Je n’écris pas avec un groupe d’âge en tête comme cible. Et l’histoire d’Hester n’est pas une histoire de midinette.

Votre héroïne cherche sa voie dans la vie, pas facile quand on est une adolescente un peu particulière…

Être une adolescente normale peut déjà être suffisamment difficile, mais en être une atypique est pire. On peut se sentir très seul à cet âge et cela peut sembler important de ne pas se sentir exclu.

Votre roman se caractérise par un humour décalé et franchement irrésistible. Est-ce le meilleur moyen de parler de cette période de la vie ou est-ce votre manière d’être en tant que personne qui vous pousse à écrire de cette façon ?

Je pense que c’est juste moi, en fait. Je n’ai jamais été capable d’écrire quelque chose de manière purement dramatique, sombre ou sérieuse. Je suis incapable de trouver mes mots de cette manière.

J’ai un immense respect pour les comédies en général et je leur ai toujours accordé plus de valeur qu’aux tragédies. Dans la plupart des cas, elles demandent plus de travail et de talent. Les bons comédiens sont des génies – John Cleese par exemple est l’un de mes favoris.

Peut-on s’attendre à un autre roman de votre part dans le futur ?

Oui. J’en suis à peu près à quinze chapitres et j’espère que tout ira bien. J’ai travaillé dessus par étapes, car je suis souvent dans mon studio, mais cela avance de manière régulière et, le plus important, j’ai beaucoup d’intérêt pour ces nouveaux personnages. Le personnage principal a 15 ans et est très différent d’Hester.

J’ai toujours été fascinée par l’expérience sinistre que l’on appelle le « premier amour ». C’est une histoire à ce sujet. Habituellement quand cela arrive, les gens sont adolescents – guidés par leurs hormones, plein de passions exacerbées, d’idéalisme débridé, de convictions enflammées et naturellement chaque problème est contré par une solution anormale. Je ne pourrais trouver de meilleures circonstances sur laquelle écrire.

Vous êtes une artiste aux talents multiples, pouvez-vous nous parler des autres domaines que vous avez abordés dans votre approche de l’art ?

J’écris et je dessine depuis mon enfance et c’est toujours ce que je fais aujourd’hui. J’ai un studio dans le centre-ville de Los Angeles, où je vis à mi-temps. J’ai commencé à travailler principalement au crayon noir il y a des années, quand j’ai eu ma première exposition, et j’ai progressé depuis jusqu’à mon style actuel, qui consiste en de grandes scènes au pastel à l’huile, la plupart du temps basées sur de vieilles photos de familles oubliées.

J’ai eu aussi le coup de foudre pour la réalisation de films. Pour l’instant, ils sont très courts et font partie de mes expositions, mais qui sait ce que cela deviendra dans le futur…

Œuvres tirées du site internet de l’auteur, avec son aimable autorisation.

Comment expliquez-vous une telle diversité d’envie ?

Les expériences créatives sont les seules choses qui m’intéressent. C’est vraiment tout ce que j’ai envie de faire. Parfois mes idées de projets me viennent totalement au hasard et ne s’inscrivent pas dans ma ligne de carrière. Par exemple, je fais beaucoup de séances de photos étranges : faux portraits de famille, publicités, illustrations d’albums, etc… Je ne me pose jamais la question de savoir si cela fait sens où quel est le but. J’ai juste une idée et je la réalise.

De toute façon, je n’ai jamais voulu dédier ma vie entière à un seul médium. J’ai tellement d’idées et tellement de moyens pour les exprimer. Pourquoi voudrais-je le faire toujours d’une seule façon ?

Votre passé multiculturel a-t-il une influence importance sur votre vie en tant qu’artiste ?

Certainement. Mais les USA ont toujours été une de mes plus grandes inspirations. Je pense que cela a un lien avec le fait que je suis tombé amoureuse du blues des débuts, quand j’étais adolescente, et que j’ai commencé à me plonger profondément dans cette culture, les paysages, les villes et les gens qui entouraient cette incroyable forme d’art. Tout est en quelque sorte venu de là.

Je suis devenue très intriguée par le Sud américain – ses côtés sombres autant que ses côtés banals et idéalistes. J’ai craqué pour sa taille, ses autoroutes, ses routes nationales et ses petites villes parfois vides, le caractère religieux du Midwest, et les gens. Je pense qu’être européenne me permet d’être beaucoup plus fascinée, voire obsédée, que si j’étais américaine. Je n’ai pas grandi ici et donc j’ai toujours l’avantage d’être comme un étranger sur une autre planète.

Ce blog est fait de sons et de mots. Quelle part prend la musique dans votre processus créatif ?

La musique est toujours profondément impliquée dans tout ce que je fais. Je ne saurais même pas comment écrire s’il n’y avait l’inspiration de sensations, d’émotions et d’histoires dans la musique.

Pour Hester Day il y a eu des chansons et des artistes en particulier que j’ai beaucoup écouté, et j’ai carrément créé deux playlists qui correspondent vraiment à l’esprit de l’histoire pour moi : pas mal de vieilles chansons de blues, des chants sacrés, Beck, les White Stripes, Elliot Smith, Tom Waits, Bob Dylan, etc. Dans un monde idéal, un cd avec toutes ces chansons aurait accompagné chaque livre.

Vous avez le choix entre nous donner le mot de la fin ou nous citer votre dessert préféré…

J’ai commencé avec le thé et le lait, et je finirai avec eux. J’ai longtemps été à l’école en Angleterre et je vis en Irlande une partie de l’année. Le thé est le seul dessert dont j’ai besoin et la vie sans n’a pas de sens. Je bois une marque irlandaise appelée Barry’s Tea et je pense qu’ils devraient me sponsoriser pour cela.



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21 réponses

  1. Une véritable Artiste ! Une telle capacité de création me laisse totalement admirative !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Une touche à tout de génie. L’écriture et la peinture sont des domaines tellement différents

  2. Waouhh quelle femme!!! Je suis aussi admirative que ma Tata Mamée! Ce livre est sur ma liste d’envie ohhh yeahhhh!!!

  3. Merci pour cette découverte Yvan !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      you’re welcome Mister manU !

  4. Je pense qu’au moment de la publication de ta chronique, j’avais déjà fait le coup du ♫ Yester Day ♪ non ??

    J’ai noté le livre, mais tu connais mon tas à lire et ma montagne à acheter… 😀 Je garde mes ajouts pour plus tard… la pension, tiens ! 😆

    En tout cas, avec toi, on découvre des tas de trucs, dont des super auteurs !! 😉 bravo !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      merci Mdame, ça fait plaisir de lire des commentaires comme ça Mdame 😉

  5. Des fois la vie est injuste. ..elle donne des talents multiples à certains et que dalle aux autres. Hé là haut, faudrait voir à répartir un peu mieux que ça 😉

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      peut-être qu’il faut forcer son (ses) talent(s) 😉

  6. Merci pour le partage de cette belle intervieuw, elle était vraiment riche en informations ! Ce roman est dans ma PAL depuis ton billet élogieux, il est temps que je le lise 😉
    Ses multiples talents rendent rêveur ..

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      merci à toi pour avoir profité de cette belle interview 😉
      Un vrai bel échange avec une artiste étonnante

  7. Tu m’avais déjà alléché avec la chronique de ce roman que je ne connaissais pas. Et là tu en remets une couche avec cette fabuleuse entrevue. Whaou, quelle femme, quelle artiste, je crie au génie, ou bien ?
    En tous les cas, merci pour cette belle rencontre. 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      merci ma chère !
      Du génie ? Chacun jugera selon ses goûts et émotions, en tout cas une vraie et belle artiste ça c’est indiscutable !

  8. L'antre du bonheur – Booktubeuse, blogueuse, amoureuse des mots. Lectrice de romans en tout genres, de mangas et de bandes dessinées :)

    Quelle belle interview, merci à toi pour ce partage qui m’a donné envie de découvrir cette talentueuse auteure 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      vu tes goûts éclectiques, ce bouquin pourrait clairement te plaire 😉

  9. Hysphoria – Ma maman dit que je suis une geek, mais c'est faux et aussi je suis très sociable. Si t'aimes bien ce que j'écris dans mon blog alors tu peux le partager sur Facebook, Twitter ou même commander mon nouveau roman ici : http://www.thebookedition.com/les-fantasmes-des-filles-du-lycee-maeva-rakotonanahary-p-113885.html (les frais de Collissimo ne sont en rien aussi exorbitants que présentés, je le promets!) Et sinon tu peux t'abonner, t'abandonner ici et me dire quelles sont tes chansons du moment, ça me ferait grand plaisir !

    Je crois que je viens de tomber amoureuse d’elle
    et puis oh misère, « La ballade d’Hester Day » est définitivement MON livre de l’année ohlala, merci pour cette interview!

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      oh content de lire que tu as tant apprécié 😉

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