François-Xavier Dillard vient de publier son deuxième roman chez Fleuve Editions, Fais-le pour maman.
Le genre de roman psychologique digne d’un thriller, mais qui est bien davantage que ça. Le genre de roman que vous ne lâchez plus, une fois la lecture commencée. Le genre de roman qui vous fera penser que décidément l’être humain est capable du meilleur et (surtout) du pire.
Pas encore convaincu ? Lisez cette belle interview de l’auteur et courez chez votre libraire préféré 😉
Photo : (c)Alizé Le Maoult
L’entretien :
Question rituelle pour démarrer mes entretiens, pouvez-vous vous définir en trois mots, juste trois ?
Saint, malsain… Humain.
J’ai lu que le thème de votre nouveau roman « Fais-le pour maman » était tiré d’un fait divers réel, c’est exact ?
Oui, c’est vrai. Un fait divers tragique et formidable, une histoire qui repoussait les limites de la compréhension et de l’entendement. Mais l’actualité, pour peu que vous preniez le temps de la contempler nous en offre tous les jours, ou presque. Ces instants déments ou la raison perd toute accroche au réel et ou l’homme – et la femme 🙂 – sont capables du pire.
Ce qui est intéressant dans les faits divers ce n’est pas tant de les raconter mais d’en mesurer les impacts et les conséquences sur ceux qui les vivent. C’est ce que j’ai décidé de faire en situant mon action 35 ans après le drame.
Et puis je pense vraiment que seul le roman peut vous permettre de partager pleinement la folie et la violence qui sont à l’origine de tels actes. Vous pouvez être touché, ému, scandalisé par un article de journal, par les images chocs du journal TV mais jamais vous ne pourrez autant approcher les douleurs de ceux qui vivent ces événements qu’à travers un roman. C’est là toute la force et toute la magie de la lecture !
Le thème central du roman est l’enfance et ses répercutions sur l’adulte…
Oui bien sur, l’acte fondateur se trouve dans l’enfance de ce médecin, de sa sœur puis, après, de sa propre fille mais nous sommes tous marqués par notre propre enfance et le premier « psy » venu vous dira que votre parcours d’enfant forge votre vie d’adulte.
Fort heureusement la majorité d’entre nous n’ont pas à connaître les horreurs qui parsèment celles de mes héros et c’est tant mieux !
Vous utilisez parfaitement les codes du thriller tout en vous en éloignant à certains moments…
C’est très bien vu. En fait je voulais faire un thriller, un vrai, avec tous ses codes, ses passages obligés, ses psychopathes de «compet» et ses actes de violence paroxystiques…. Je crois qu’ils y sont tout de même mais une fois encore les personnages que j’ai créés sont avant tout humains, même les plus touchés !
Et cette humanité fait peut-être que mon roman sort du cadre et échappe au genre. Alors c’est vrai, Fais le pour maman n’est peut-être pas tout à fait un thriller et c’est tant mieux, cela ouvre aux lecteurs un champ de découvertes plus ambitieux, en tout cas plus large !
La tension du roman est maintenant tout du long grâce à une violence psychologique omniprésente…
C’est vous qui le dites ! Mais si c’est le cas alors je pense avoir réussi mon pari. Ouvrir ce livre pour ne le refermer qu’une fois terminé. Ma grande angoisse d’auteur c’est que mon lecteur s’ennuie et, au cours de mes relectures, je ne cesse de me demander si on peut avoir la possibilité de s’échapper de mon histoire pour penser à autre chose.
Dès que j’entrevois une brèche, un temps mort j’introduis un élément qui doit vous ramener au cœur de mon histoire, de gré ou de force ! La tension psychologique est effectivement un des ressorts de ce mécanisme mais il y en a d’autres…..
Encore une fois, l’ennui est mon pire ennemi. Les chapitres courts permettent de maintenir la tension, ils permettent aussi de rester dans l’histoire et d’éviter la tentation de la digression, toujours tapie au détour de votre clavier. Écrire c’est d’abord raconter une histoire et ne dit-on pas que les histoires les plus courtes sont souvent les meilleures….
Bien sur, je vois tout de suite le spectre de Proust et son cortège de fans se lever d’un bond pour me dire que la « Recherche du temps perdu » c’est quand même pas de la daube, même si ça fait près d’un million et demi de mots… Ok, ok mais d’abord je ne suis pas Proust et, croyez moi, Fais le pour maman a tout à fait le nombre de caractères nécessaires pour vous emmener aussi loin que le permet la folie des hommes.
Votre histoire et vos personnages étaient-ils entièrement construits dans votre esprit lorsque vous avez démarré l’écriture du roman ?
Après Un vrai jeu d’enfant, Fais le pour maman est mon deuxième roman. Pour un premier livre, vous envoyez un manuscrit achevé même si, bien sur, ce texte évolue grâce au travail que vous faites avec votre éditeur. Mais fondamentalement l’histoire ne change pas énormément.
Pour ce second livre il fallait que je raconte d’abord l’histoire avant de l’écrire, afin de convaincre Céline Thoulouze, mon éditrice (et croyez-moi, elle n’est pas facile à convaincre) que ce faits divers pouvait faire naître un bon thriller. Mais la magie de l’écriture c’est que, bien entendu, l’histoire et les personnages ont évolué tout au long de la rédaction, qui n’est en fait, qu’un travail de déconstruction de votre « pitch » initial.
Je pense que l’écriture m’intéresserait beaucoup moins si je ne savais pas que, justement, j’allais être confronté à des choses nouvelles, des rebondissements inattendus, des transformations de mes personnages au fur et à mesure de l’exercice. Et ce jusqu’au bout du processus.
Un des rebondissements clefs du livre, je l’ai trouvé alors que je m’étais exilé pour une semaine de réécriture (sur ordre amical de Céline), quelques jours avant l’envoi du manuscrit définitif.
Ce blog est fait de mots et de sons. La musique tient une vraie place dans votre roman. Quelle part prend-elle dans votre processus créatif ?
Je vois que vous avez vraiment lu mon livre 🙂 ! La musique y joue un rôle clef (j’adore cette vanne) et elle joue aussi chez moi un rôle primordial dans le processus d’écriture.
C’est un héritage familial : ma mère, mes sœurs sont pianistes, mon frère est guitariste et compositeur et mon père est flutiste ! J’ai été bercé par Bach, Mozart, Haendel, Debussy, Chopin…. Et pendant l’écriture de ce livre j’ai écouté une bonne partie d’entre eux (particulièrement les trois premiers pour qui j’ai une admiration sans limite).
D’ailleurs on les retrouve tous les trois dans mon livre et je les remercie vivement pour leur soutien (je ne sais, par contre, pas si eux me remercieraient pour ce que je fais de leurs œuvres dans Fais le pour maman…).
Vous avez le choix entre nous donner le mot de la fin ou votre dessert préféré…
Je ne suis pas très dessert donc je choisis le mot de la fin. Merci Yvan pour cette interview, merci pour votre intérêt pour mon travail et plus globalement pour votre regard sur les livres. C’est définitivement un regard et un dialogue dont un écrivain ne saurait se passer ! A bientôt.
Catégories :Interviews littéraires
Chouette entretien ! (Ceci était le com le plus court de l’histoire de ton blog hihihi !!!)
Ahah Ce n’est absolument pas le nombre de mots qui compte 😉
Voilà un auteur fort disert et fort modeste😊
A vous deux vous avez fait le job si j’ose dire.
Encore un qui va rejoindre ma liste et cette fois ci tu ne seras pas le seul coupable.
Je confirme, je suis très content du résultat ! Si les autres le sont aussi, alors c’est parfait 😉
Pffff, une fois de plus, un chouette entretien qui me donne envie de cavaler à la plus proche librairie pour l’acheter… Heureusement que je suis à mon boulot, enchaînée à la chaise, je ne saurai donc pas courir de suite 😉
Merci à toi et à l’auteur pour tout cet article 😀
J’ai son livre dans ma pal..j’avais une envie intense de le sortir ce week end et tu ne fais que confirmer mon envie!!!