Interview littéraire 2014 – François d’Epenoux

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François d’Epenoux est un auteur qui fait du bien. Son nouveau roman, Le réveil du cœur, est un concentré de bonheur, une petite merveille, drôle et tendre.

Un roman plein de bons mots et une histoire qui vous donne le sourire. Du bonheur en mots, vous dis-je ;-).

Merci à l’auteur pour cet entretien passionnant, pour sa gentillesse et sa disponibilité.

Le Réveil du cœur : ma chronique

Question rituelle pour démarrer mes entretiens, pouvez-vous vous définir en trois mots, juste trois ?

Pudique, instinctif, bon vivant.

Même si ce n’est pas évident au départ, si je vous dis que votre livre parle de générations qui se rencontrent, plutôt que de conflits de générations, êtes-vous d’accord avec cette affirmation ?

Absolument d’accord ! Au-delà des années, tout sépare ce grand-père désenchanté et son petit-fils de 6 ans. Et pourtant : l’histoire montre à quel point ils peuvent se reconnaître l’un dans l’autre et s’apporter mutuellement. Le « Vieux » ouvrant les yeux de l’enfant sur les beautés d’un monde qu’il estime en sursis. Et celui-ci, à l’inverse, « réveillant » le cœur du vieil homme, jusqu’à le faire espérer à nouveau dans l’humanité.

Votre histoire est un peu une invitation à vivre le moment présent…

C’est vrai. Entre l’avenir incarné par Malo et la nostalgie du passé qui habite le Vieux depuis tant d’années, il y a une passerelle : l’époque présente. Peut-être la plus belle puisque, par définition, c’est celle que l’on vit.

Vous insistez sur les relations père / fils, tout en parlant assez peu de la relation avec la mère. Était-ce une volonté de départ ?

Oui. Je voulais établir un parallèle entre trois personnages de générations différentes, et cette comparaison était d’autant plus efficace que ces personnages étaient tous du sexe masculin. Le personnage de Leïla est un peu en creux, il existe par défaut pour mettre en relief cette « chaîne » de bonshommes !

Pour moi, c’est une première : les femmes sont très importantes dans mes livres. Dans mon deuxième roman, « L’Importune », je me suis même mis dans la peau d’une femme pour écrire à la première personne. Étonnant !

Le sujet pourrait être pesant, au contraire votre roman est très positif…

Sous une apparente nostalgie, il parle de mémoire et de transmission. L’idée, encore une fois, n’est pas d’opposer les époques ou les générations. Mais de montrer comment le passé peut-être un terreau formidable pour qui veut y puiser de quoi construire l’avenir. J’ai un peu forcé les traits du Vieux pour en faire un personnage haut en couleur et c’était jubilatoire. Son époque bénie, ce sont les années Cinquante. Chacun sa nostalgie, pourvu qu’elle inspire l’avenir !

Malgré le coté léger de l’histoire, vous tentez tout de même de faire passer quelques messages sur notre société de consommation…

Oui, le Vieux de ce point de vue est un excellent porte-parole. Ronchon, râleur, il ne se gêne pas pour fustiger ce que la société lui laisse entrevoir ! Et tout y passe, de la télé-réalité aux fast-food en passant par le bétonnage des plages et la fuite en avant consumériste criminelle pour la nature.

C’est une lecture assez jubilatoire. Votre écriture mélange avec un réel bonheur humour et émotion. Travaillez-vous à l’instinct ou avez-vous soupesé chaque mot ?

En l’occurrence, à l’instinct. Le livre est très dialogué, il faut que ça sonne juste et vrai, sans être trop écrit. Je ne vois la vie qu’à travers ce prisme : une imbrication absolue entre comédie et tragédie, drôlerie et émotion. Là encore, le Vieux est l’ambassadeur idéal de cette conception de l’existence : dans ses colères, dans son ironie, dans ses déceptions et dans sa tendresse, il est terriblement humain. Avec ses défauts et ses qualités, mais très loin du consensualisme qui rend parfois l’époque sans odeur et sans saveur !

Votre papa du livre travaille dans une agence de communication, vous êtes-vous appuyé sur votre expérience personnelle pour décrire le terrible environnement dans lequel il travaille ?

Bien sûr ! Pour gagner ma vie, je travaille pour des agences de communication. La scène avec Astrid est parfaitement fidèle à ce que j’ai pu vivre dans la publicité. Un mélange de cynisme, d’appât du gain et de fausse décontraction. L’horreur !

Pouvez-vous nous parler de vos expériences au cinéma ?

Ce qui est passionnant, c’est de travailler en équipe. En l’occurrence, à quatre mains pour les deux films que j’ai faits avec Jean Becker. L’un adapté de l’un de mes livres (« Deux jours à tuer ») et l’autre d’un très joli roman d’Eric Holder (« Bienvenue parmi nous »). Cela oblige à tenir compte de mille contraintes, à être efficace en termes de dialogues, de rythme, de nervosité. On sort de sa solitude d’écrivain, mais aussi des digressions qu’autorise la littérature – laquelle offre ce luxe suprême d’être une discipline non formatée !

Et puis, quel bonheur pour l’ego que d’entendre ses répliques dites par un Albert Dupontel ou un Patrick Chesnais, de voir incarnés ses personnages, de vivre les réactions du public…

Ce blog est fait de mots et de sons. La musique prend-elle une part dans votre processus créatif ?

Très en amont ! La musique m’influence dans le cheminement de mes pensées, elle affûte mon regard, rend jolie l’observation des scènes les plus banales. J’aime les musiques imprévues. Il suffit qu’une musique surgisse de nulle part, d’une fenêtre, d’une voiture, d’un couloir de métro et cette bande-son rend la vie romanesque.

En revanche, je n’écris jamais en musique, ni en silence : j’écris au milieu des bruits de la ville. Les pas, les voitures, les pigeons, les cloches de l’église de la place d’Alésia.

Vous avez le choix entre nous donner le mot de la fin ou votre dessert préféré…

Une tarte tatin ! Chaude bien sûr, un peu brûlée sur les bords, avec une boule de glace qui fond doucement dans l’assiette. Quand je vous dis que je suis un bon vivant !



Catégories :Interviews littéraires

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18 réponses

  1. Là, tu assènes un autre coup grâce ! Je sens que je vais craquer !!!! 😈 Merci, yvan 😉

  2. je vais copier sur la belette. Merci Yvan ! ce n’est pas un coup, c’est la grâce même !

  3. Nooooooooooooon tout mais pas ça!!! Ce n’est pas mon genre…et tu arrives à me tenter…je n’en peux plus moi de noter de noter et de noter encore et encore!!! Je fais grève na!!!!!

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      la grève n’est pas légale sur ce blog, c’est une dictature (du plaisir) ! 😉

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          rien justement, c’est une dictature pour de faux 😉 C’est bien pour ça que tu vas continuer à venir par ici

          • Ordonné de cette manière…je n’oserai refuser!!! hihihihi Pis…je dois t’avouer un truc…mais chuuut hein…je suis accro à ton blog!!!! Il me faut ma dose sinon je pète un câble!!!

            • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

              alors je ne voudrais pas être responsable de ton internement ! Si je suis comme un médicament pour toi, je te confirme que tu auras ta dose dans le futur (j’ai déjà 4 chroniques déjà rédigées, mais attention à la surdose) 😉

          • Pas comme un médicament voyons….ma drogue!!!hihihihihi Impossible d’être « surdosée » t’inquiète!!! Par contre mon compte lui est « sous-dosé »!!!

            • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

              Ma prochaine lecture c’est « Comment braquer une banque sans perdre son dentier ». Tu n’as pas l’âge mais peut-être que je vais y trouver une solution pour ton problème de compte 😉

  4. Joli entretien qui confirme la tendresse de l’auteur pour ses personnages.
    Je ne ferai pas comme Foumette, je ne me mettrai pas en grève! Depuis quand les belges font grève d’ailleurs?? c’est typiquement français il me semble 😉

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Exactement ! C’est quoi ces belges qui tentent de copier les français ? 😉

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