Interview littéraire 2013 – Romain Puértolas

interview litteraireRomain Puértolas, retenez bien ce nom, à défaut de retenir du premier coup celui de son roman, L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea.

Son bouquin est une bouffée de bonheur et de bonne humeur dans la grisaille ambiante, jouissivement mis en mots par un auteur à l’humour détonnant et à la belle humanité.

Si vous en doutez, laissez-vous porter par cette interview irrésistible ! Un immense merci à Romain pour avoir accepté de s’amuser avec moi 😉

Ma chronique du roman.

Les questions :

Question rituelle pour démarrer mes entretiens, pouvez-vous vous définir en trois mots, juste trois ?

Rapide, Décidé, Joyeux.

En dehors de ces trois mots, qui êtes-vous, Romain Puértolas ?

Un humain de 37 ans (je vous laisse le soin de compter combien cela fait en rotations terrestres, je suis nul en maths), heureux de vivre.

Vous semblez être un globe trotter de la vie, un peu comme votre personnage…

Tout pareil. Oui, je voyage beaucoup. J’ai déménagé plus d’une quarantaine de fois dans ma vie. Voilà ce que c’est d’être fils de militaire.

L’avantage, je porte les gens que j’aime dans mon cœur, comme Léon et sa petite plante verte qui n’a pas de racines. Et puis je peux m’adapter à un nouveau pays en 2,45 secondes et en apprendre la langue dans la foulée. Je suis un Terrien et le monde m’appartient !!! (Enfin, après une visite en consulat pour retirer un ou deux visas…).

On se doute que ce roman a demandé un long travail de recherche en déambulant dans les magasins Ikea, notant consciencieusement les noms imprononçables des produits proposés…

AHAH. Non. J’ai fait avec mes souvenirs. Vous savez, 40 déménagements, ça fait pas mal d’aller-retours chez Ikea, ça. Pour les noms, j’ai dû consulter la page internet d’Ikea afin de « faire mes courses » linguistiques.

Avez-vous également testé sur vous-même toutes les techniques de fakir énumérées dans le livre ?

Quand j’étais démystificateur de charlatans (dans une de mes vies antérieures), j’ai révélé les techniques (les trucs, plutôt) utilisés par les fakirs, donc, oui, je les connais. Tout le monde peut les tester sur soi-même, même ma grand-mère, car ce ne sont que des trucs.

Cet humour décalé et irrésistible, est-ce un don de naissance ? Ça se travaille ?

Je me savais peut-être décalé, mais pas irrésistible. Merci ! C’est ainsi que je vois la vie. Je ne peux pas m’empêcher de voir la vie au travers d’un prisme léger, optimiste et heureux. Un don qui me vient de mon grand-père maternel qui était heureux tout le temps, même quand il s’est fait faire prisonnier par les Allemands pendant la guerre, c’est dire ! Nous sommes heureux chroniques dans la famille de génération en génération.

Cette histoire parle également de sujets graves, sous couvert de l’humour, et particulièrement des émigrants clandestins…

Oui, parce que même si je suis heureux chronique, je ne suis quand même pas le con du village ! Il y a beaucoup de choses laides dans ce monde. J’aimerais passer un coup de peinture verte sur tout ça.

Les clandestins sont une partie de ma vie puisque cela fait 4 ans que je travaille avec eux, mais pas du même côté. Je voulais juste me mettre dans leur esprit, pour une fois, parce que si moi aussi j’étais né de l’autre côté de la Méditerranée, je peux vous garantir que je me serais caché dans un coffre de voiture pour passer de l’autre côté ! Nous sommes tous des humains, que l’on soit policier ou clandestin.

L’histoire de ce fakir est un peu un succès surprise dans cette rentrée littéraire. Vous attendiez-vous à une telle réception ?

Bien sûr que non. J’ai toujours été lu par trois personnes (ma femme, Adeline et Franck, des amis et collègues de travail). Chaque fois que j’écrivais un manuscrit, ils étaient les seuls à le lire. D’un autre côté, les maisons d’éditions me les refusaient.

Avec le fakir, le succès a commencé à l’étranger quand les droits ont été achetés par 30 pays avant la parution. Et une offre cinéma aussi et des offres pour le format poche. Ensuite, tout est allé très vite. C’était un livre sorti de nulle part écrit par un inconnu et les meilleures maisons d’édition au monde l’achetaient aux enchères pour de fortes sommes, tout ça avant même qu’il sorte en France, sans même savoir si cela allait fonctionner. C’est un geste qui me touche beaucoup. Je lévite et je suis sur mon petit nuage.

Les gens semblent friands de ce genre de romans actuellement, drôles et positifs. C’est grave docteur ?

Les gens ont envie de lire des livres qui les fassent voyager et sortir de leur quotidien, des choses faciles à lire, où ils rient et prennent du bon temps. Ils n’ont pas envie de lire des thèses de doctorat après 8 heures de boulot. Enfin, j’imagine. Je ne suis pas docteur. Tiens, cela manque à mon CV…

Cette histoire est-elle amenée à voyager, traduite en d’autres langues (y compris d’obscurs dialectes mexicains) ?

De l’hébreu au coréen en passant par l’islandais, mon fakir va être traduit dans plus de 30 langues. Pour un fan de langues pour moi, c’est un rêve. J’achetais déjà Tintin en hébreu (alors que je ne le lis pas ni ne connais pas cette langue) juste parce que je trouvais cela beau et exotique.

Ce blog est fait de mots et de sons. La musique prend-elle une part dans votre processus créatif ?

J’ai travaillé 10 ans dans la musique comme compositeur-interprète et DJ. La musique est aussi vitale chez moi que l’écriture.

Vous avez le choix entre nous donner le mot de la fin ou votre dessert préféré…

Alors ce sera un moelleux au chocolat et l’addition, s’il vous plaît !

Lien vers le délirant site internet de l’auteur



Catégories :Interviews littéraires

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24 réponses

  1. Superbe interview qui me donne envie de lire son livre au plus vite. Merci beaucoup

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Merci à toi pour ton commentaire ! Oui cet auteur a une vraie et belle personnalité 🙂

  2. Comme tu peux le deviner…je craaaaaaqueeee!!! Je sens que je vais adorer son livre…déjà ses réponses me font marrer alors…t’imagine le livre!!! Il est grave déjanté…j’adore ça!!! Je vais appeler ma Belette de suite..je sens qu’elle va être trop tentée aussi….. Merci!!!

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Ce mec est extra, sa « philosophie » de vie est très touchante et son bouquin est du gaz hilarant en pages 😉

      • J’ai déjà essayé les champignons hallucinocomiques mais je suis prête à goûter du gaz hilarant!!!! J’adore les nouvelles sensations!!! 😉

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          Avec ce bouquin, tu restes dans la légalité 😉

  3. Yvan, avant de te remercier, toi et l’auteur, pour ce superbe interview bien drôle et décalé, je voulais poser une question : le fakir, il est sorti de son armoire Ikéa ? Parce que je ne voudrais pas par le plus grand des hasards, tomber sur son squelette si par malheur il me prenait la zine d’acheter du mobilier Ikéa… Peu de chance d’acheter autre chose que des biblios, chez eux, mais la prudence étant la mère de la sécurité…

    Merci de nous avoir fait découvrir ce petit livre qui me tente en raison du déridage des zygomatiques, ce qui est tout de même moins cher que le botox !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Alors, sans déflorer le suspense insoutenable, le livre se termine bien ;-).
      Ce « petit » livre comme tu le dis est en train de faire un très gros carton (et pas que d’emballage), et c’est vraiment mérité !
      je n’ai jamais essayé le Botox, mais je suis convaincu que ce livre n’a pas les mêmes effets indésirables, tu auras un vrai sourire, pas un sourire de façade 😉
      Merci encore à Romain, pour ce très bon moment !

      • Un carton recyclable au moins ? Juste pour faire plaisir au Verts…

        J’aime bien quand des livres inattendu font des cartons et du tabac (mince, je fais de la pub).

        Tu veux un vrai sourire : qu’est-ce que est vert et qui pue aux fonds des bois ??



        – Non ?



        Un écolo mort…. 🙄

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          ahahah !
          mais on est pas dimanche ! c’est le dimanche la blague à deux balles 😉

  4. Sympa le gars 😉 J’aime beaucoup son « esprit » positif.
    Je vais peut-être réviser mon jugement trop hâtif de laisser cette lecture à plus tard.
    Yvan, tu sais y faire…
    Grrrrrrrr :p

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      c’est pas moi, c’est lui ! 😉
      Oui, ne te focalise pas sur la couverture, si tu cherches un bouquin positif, drôle et décalé, c’est une bonne option !

  5. Mince, voilà que je suis heureuse et que le monde me parait beau. Serait il contagieux ?? 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Je vais te prescrire une lecture de ce genre par mois (et faire de même pour moi) 😉

  6. Après son passage à La Grande Librairie, cette interview achève de me convaincre.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Cet homme est étonnant, d’une incroyable drôlerie, mais également d’une belle profondeur 😉
      Je n’ai pas vu l’émission, dommage…

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