R. J. Ellory est un écrivain de talent, un talent immense. Son autre passion est la musique. Une belle occasion de l’interroger sur ce sujet (et constater que les deux univers ne sont pas si éloignés).

Roger – Le festival sans nom, salon du polar de Mulhouse 2013

En dehors d’écrire des romans, tu as une autre passion : la musique. Peux-tu nous parler un peu plus de cette passion ?

Eh bien, j’ai toujours été passionné par la musique, et tout comme j’ai une grande empathie pour la littérature américaine, j’ai une grande empathie pour le jazz, le blues et la musique country.

Quelqu’un m’a dit un jour que la musique est la façon dont une personne traduit ses émotions en sons, les transmet à quelqu’un d’autre qui les traduit dans ses propres émotions. Je suis d’accord avec cela.

Je pense que la bonne littérature travaille sur le plan émotionnel, et je sens vraiment que la bonne musique fonctionne aussi sur le plan émotionnel.

Ma mère était chanteuse et actrice, ma grand-mère était pianiste, et quand j’étais enfant, j’ai commencé à apprendre la trompette à l’âge de huit ans. J’ai continué jusqu’à mon adolescence, puis je me suis plongé dans le blues et la musique rock, et j’ai arrêté de jouer de la trompette.

J’ai commencé par écouter Son House, Blind Willie McTell, Lightnin’ Hopkins, et c’est à partir de là que je me suis découvert une grande passion pour la musique des années 60 de la côte Ouest des Etats-Unis, des groupes tels que Love, Quicksilver Messenger Service, The Thirteenth Floor Elevators et Jefferson Airplane.

Ce n’est que récemment que j’ai commencé à consacrer sérieusement du temps à jouer de la guitare et écrire de la musique, et je pense que c’est juste une autre façon de m’exprimer de manière créative.

J’aime à imaginer une chanson que j’écris comme la transmission d’un message émotionnel et lorsque le message est délivré, la chanson est terminée. Je pense que l’écriture de livres ou de musique est très similaire. La littérature, c’est évoquer une émotion avec des mots. La musique c’est évoquer une émotion avec des sons.

Je pense qu’écrire un morceau, c’est comme l’écriture d’un chapitre, et l’écriture d’un album, c’est comme écrire un livre. Les deux sont là pour délivrer un message, et les deux le font, mais de manière différente.

Tu fais partie d’un groupe de rock, peux-tu nous le présenter ?

Eh bien, la première version du groupe était plus orientée blues et country-blues, et nous nous appelions The Whiskey Poets. Nous jouons ensemble depuis un peu plus d’un an, et ce que nous écrivons maintenant a considérablement évolué.

On s’est dit qu’il convenait de trouver un nom plus approprié, et c’est pourquoi on s’appelle maintenant Zero Navigator.

On a choisi ce nom car il ne nous connecte pas à un genre de musique spécifique. Ce que nous composons est très diversifié et assez unique, nous voulions un nom qui ne signifiait rien, et qui était pourtant facile à retenir, difficile à oublier. Les noms de groupes ont une vie qui leur est propre et sont connectés très vite à une musique donnée.

Le groupe se compose de trois membres (je joue de la guitare, Chris Malin joue de la basse et Simon Chisholm joue de la batterie), et le chant est partagé entre nous trois. Certains morceaux sont chantés uniquement par le batteur, d’autres par moi-même, et certains où deux, voire trois d’entre nous chantent simultanément. Le batteur et moi avons des styles de voix très différents, et nous choisissons qui chantera en fonction de la chanson elle-même.

Page Facebook de Zero Navigator

Un projet d’album dans le futur ?

Oui, nous enregistrons un album appelé New Reality en Angleterre en Octobre. Il sera produit avant Noël, puis il sera disponible sur iTunes et partout ailleurs.

Tu joues des concerts et tu participes à des jam-sessions un peu partout dans le monde, quand tu le peux…

Oui, mais c’est trop rare ! Je voudrais en faire beaucoup plus, mais parfois ce n’est pas si facile à organiser.

Une fois que l’album sera terminé, le groupe jouera quelques concerts en Angleterre, et nous espérons faire des apparitions sur le continent dans quelques uns des très nombreux petits festivals rock et de blues qui ont lieu en France, en Italie ou dans d’autres pays.

Quels sont tes influences musicales et tes musiciens favoris ?

J’écoute de tout, du Mississippi Delta blues à Led Zeppelin, de Suzanne Vega à Tom Waits, et tout ce qu’on peut trouver entre.

Vous ne pouvez pas commencer à comprendre et à apprécier la musique occidentale contemporaine sans apprécier Lightnin’ Hopkins, Muddy Waters, Bob Wills, Johnny Cash, Chet Atkins, Howlin’ Wolf – ils sont tous importants, quelque soit le style, du zydeco jusqu’au rap.

Pour la guitare, je ne lis pas la musique sur partition, mais je lis la musique pour la trompette, même si je n’en joue plus.

Parmi mes musiciens préférés, je peux citer Roy Buchanan, Danny Gatton, Jeffrey Lee Pierce, Tom Waits, Mike Bloomfield, Kelly Joe Phelps … la liste est longue !

Il n’est pas vraiment possible de sélectionner mes préférés. C’est comme si on me demandait qui sont mes auteurs préférés… c’est une question à laquelle il m’est impossible de répondre !

The Whiskey Poets – Brand new day (live performance 2012)

Optreden Crimezone Award, special guest R.J. Ellory (live 2013)

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