Interview littéraire 2013 – Paul Colize

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Avec Paul Colize, il y a un « avant » et un « après ». Découvrir l’auteur à travers Back Up ou Un long moment de silence est assurément une expérience inoubliable, qui vous marquera durablement.

Paul Colize, à l’image de ses romans, est un homme d’une belle intelligence. S’y rajoute une grande gentillesse et un petit coté pince-sans-rire assez irrésistible. Bref un belge de plus à ne rater sous aucun prétexte !

Merci à l’auteur pour cet échange.

Question rituelle pour démarrer mes entretiens, peux-tu te définir en trois mots, juste trois ?

Bleu jaune rouge.

Que ce soit avec Back Up ou Un long moment de silence, tu jongles entre fiction et réalité. Est-il difficile de trouver le juste équilibre entre les deux ?

L’équilibre serait de rechercher une égale distribution des éléments. Je recherche plutôt la combinaison harmonieuse des deux, je mélange faits réels et fiction jusqu’à ce que je ne parvienne plus moi-même à discerner les composants, un peu comme le font les cuisiniers lorsqu’ils préparent une sauce.

Dans ces deux romans, tu arrives à reconstruire un environnement historique criant de vérité, sans pour autant en faire des tonnes. Quelles sont les parts de documentation et d’expériences personnelles dans ces histoires ?

Elles sont mêlées. De nombreuses situations sont autobiographiques, parfois celles qui paraissent les moins probables, ou celles qui sont les plus fantasques, ce qui permet sans doute de leur donner cet aspect « vécu » dont tu parles.

Pour le reste, j’adore me plonger dans la documentation, lire, me rendre sur place ou interroger les gens.

Il y avait de multiples façons de raconter ces deux récits. Pourquoi le roman noir ?

Voilà une question que je ne me suis jamais posée et un débat interminable (et stérile) auquel je n’ai jamais participé. Roman noir, polar, roman à énigmes, whodunit, thriller, hardboiled, on s’en fout, non ? Trouve-t-on ce genre de rayons dans une librairie ?

Quand le bouquin est terminé, c’est mon éditeur qui décide de ce qu’il met sur la couverture. Il est écrit roman noir sur la couverture de Back up et certains me disent que c’est un thriller, pour Un long moment de silence, c’est le contraire. Ça m’amuse.

Un long moment de silence est un livre à la fois sobre et très chargé émotionnellement. Il est aussi très personnel. Dans quel état sort-on de l’écriture d’un tel livre ?

C’est avant d’en sortir que j’ai ramé. J’ai dû fouiller le passé, sortir quelques cadavres du placard, lire des lettres troublantes, examiner des photos dérangeantes. Le bouquin terminé, je ne voulais plus en entendre parler et je ne voulais pas en parler. Maintenant, je suis très content de l’avoir écrit.

Tu ne tombes pas dans la facilité en dépeignant tes personnages, jusqu’à proposer un personnage central franchement antipathique au départ, en ce qui concerne celui d’Un long moment de silence. Un pari un peu risqué, non ?

Ignoble type. J’avoue m’être amusé dans certains cas à lui rajouter une couche d’abject. Le pari était risqué. Je me suis dit que certains lecteurs abandonneraient la partie au chapitre 2, que les autres aimeraient le détester.

Ton activité professionnelle (autre qu’écrivain) t’a-t-elle été utile pour brosser le personnage de Stanislas Kervyn ?

Mon activité professionnelle consiste à dispenser des cours de management aux cadres d’entreprises. Il m’a suffi d’imaginer un personnage qui pratiquerait le contraire des recommandations que je donne pour diriger et motiver les membres de son équipe.

Aussi étrange que cela puisse paraître, j’ai rencontré plusieurs dirigeants d’entreprise qui auraient pu se trouver sur le podium avec Stanislas Kervyn, voire mieux placés que lui.

Tes deux derniers romans ont obtenu plusieurs prix et ton succès explose d’un coup. Tout semble venir en même temps, alors que tu en es à 9 romans déjà.

Les quatre premiers ont été autoédités, les trois suivants ont été publiés dans une coopérative d’auteurs éditeurs (Krakoen).

Je n’ai jamais fait la course à l’éditeur. J’ai pris plus d’un an et demi pour écrire Back up. Une fois terminé, je me suis dit que, cette fois, j’allais tenter de le faire éditer dans une plus grande maison. Je l’ai envoyé à cinq éditeurs, trois se sont déclarés intéressés, j’ai finalement conclu un accord avec le plus petit d’entre eux (La manufacture de livres), le plus enthousiaste aussi, me disant qu’il serait motivé pour le défendre. Bien m’en a pris, il a fait un boulot fantastique.

Peux-tu nous donner quelques infos concernant ton prochain projet, et nous parler de sa sortie prévisionnelle ?

Changement de ton. Pas de fils entremêlés, pas de trame historique, une enquête linéaire, écrite à la première personne, au passé simple, une comédie policière ou une dramédie, comme tu veux. Titre provisoire : L’avocat, le nain et la stripteaseuse. Toute ressemblance, etc.

Ce blog est fait de mots et de sons. Quelle part prend la musique dans ton processus créatif ?

Mes choix sont éclectiques et varient selon mon humeur. J’aime le rock, la musique classique, le smooth jazz, ou encore Jacques Dutronc et j’adore jouer du piano et chanter des mélodies dégoulinantes de pathos en italien (de cuisine). En revanche, quand j’écris, j’ai besoin du silence total.

Tu as le choix entre nous donner le mot de la fin ou ton dessert préféré…

Je choisis le mot de la fin.



Catégories :Interviews littéraires

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25 réponses

  1. J’adore … Ton interview et l’auteur ! Son humour omniprésent ainsi que sa classe … J’attends sa « dramédie » avec impatience … 😉

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      eheh oui moi aussi 😉 Excellent ce terme de « dramédie » 😉
      Cet auteur a une classe immense, tu as cité le bon mot

  2. Et dire qu’il ne voulait plus entendre parler du roman quand il l’a terminé … Pauvre Paul 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Mais nous, on peut encore en parler haut et fort 😉

  3. Que serions nous sans les Belges.
    Perso j’ai découvert Paul Colize en 2009 avec La troisième vague, un roman déjà foisonnant. De plus il était présenté par Franck Thilliez et il comportait un document sur les tueurs du Brabant. Un sujet qui m’a toujours intéressé : un mystère irrésolu, 28 morts et malgré des moyens d’investigation exceptionnels, l’énigme demeure entière. Depuis je le suis avec intérêt. Et ces 2 derniers romans ont été de véritables coups de cœur.
    Alors merci Yvan pour ce bel interview et merci à Paul Colize pour son savoir faire.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Je ne connais pas le roman dont tu perles mais merci de m’en faire part avec autant d’enthousiasme, je vais aller suivre ça de près !
      Un auteur totalement incontournable qui mérite d’être lu par une majorité de lecteurs

  4. Mais tu n’arrêtes jamais, toi ! Et tu épingles une fois de plus un Belge ! Qu’on lui donne la nationalité belge et une carte d’exilé fiscal, de suite.
    Merde, je dois lire ce livre (Back-Up)… T’en as pas marre de faire monter ma PAL ? 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      bon soyons clair :
      – j’adore de + en + les belges
      – tu ne dois pas lire Back Up. Tu DOIS lire Back Up ET Un long moment de silence.
      Ce n’est pas discutable ni négociable
      Et non je ne vais pas arrêter, tu es prévenue 😉

      • Oui chef, bien chef ! Tu viens d’entendre mes talons claquer, là ?

        C’est pour sauver l’économie belge que tu t’investis autant dans nos auteurs ?

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          Certains investissent dans la bière belge, moi c’est les auteurs 😉 (bon je ne crache pas sur une bonne bière non plus)

          • La bière, le chocolat, les auteurs, les promotions fiscales… mais nous avons tout chez nous ! 🙂

            • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

              le paradis (juste une météo pourrie ;-))

                • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

                  on peut pas tout avoir, faut pas déconner non plus

                  • J’étais très sérieuse ! Nous sommes encore en été, que diable et je ne comptais pas sortir la plus grosse couette avant mi-octobre au moins, ni pleurer contre le radiateur pour avoir un peu de chaleur. Heureusement, au boulot, il fait encore chaud et le t-shirt est encore de mise !

  5. c’est devenu un incontournable Belette, comme le blog de notre cher Yvan 🙂
    ! Comment, toi une belge, tu n’as pas lu Colize ??
    fichtre, répare vite cette lacune !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      oui ! Inadmissible ! 😉
      Nath, tu DOIS lire un long moment de silence !

      • oui je sais , c’est prévu 🙂

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          me voilà rassuré
          Demain avec ma chronique, je vais te convaincre définitivement 😉

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