Interview littéraire 2013 – Hervé Commère

Si vous ne connaissez pas Hervé Commère, vous n’imaginez pas à coté de quoi vous passez.

Ses romans noirs sont des merveilles de construction, des romans courts, intenses et touchants. Des histoires toujours déstabilisantes, voyages vers l’inconnu, tant leur élaboration est à la fois machiavélique et profondément humaine. Un vrai travail d’orfèvre.

Son dernier roman “Le deuxième homme” en est une magistrale démonstration.

Merci à l’auteur pour ce bel entretien. Je trépigne d’impatience dans l’attente de son prochain projet.

“Le deuxième homme” : ma chronique

“J’attraperai ta mort” : ma chronique

L’entretien :

Question rituelle pour démarrer mes entretiens, pouvez-vous vous définir en trois mots, juste trois ?

Je dirais sensible, indépendant, et amoureux… (j’aurais aussi pu dire « lent », j’ai réfléchi vingt minutes avant de trouver ces trois-là!)

Présentez-nous votre dernier roman « Le deuxième homme », avec vos propres mots…

C’est l’histoire d’un homme qui n’a pas eu de père et s’est construit tout seul, plein de doutes et de complexes. Lorsqu’il rencontre Norah, qui deviendra sa femme, sa vie bascule dans le bonheur et le solide. Jusqu’au jour où il se rend compte que Norah, en vérité, en aime un autre à travers lui depuis le départ.

C’est une histoire d’amour et de solitude, écrite comme un polar, il y a des rebondissements, de la tension, mais ni meurtre ni flic, juste un homme et une femme.

Le roman va très loin dans ce que peuvent devenir les relations de couple, jusqu’à l’obsession…

Les plus beaux moments de ma vie sont liés à des femmes. Je suppose que les pires pourraient l’être aussi… On dit que l’amour déplace des montagnes et c’est un peu le cas, l’amour accomplit des merveilles, il accomplit aussi des horreurs. C’est un risque à prendre, de tomber amoureux.

Outre la belle écriture, la qualité du roman tient beaucoup de sa construction à tiroirs. Tous les tiroirs étaient-ils clairement agencés dans votre esprit dès le départ ?

Complètement, oui. Ce roman me faisait un peu peur, j’étais en présence d’une histoire qui valait le coup, terrible et subtile, et je ne voulais vraiment pas la gâcher. J’ai fait un plan très précis, et puis j’ai démarré.

Ensuite, l’écriture s’est déployée, certains passages assez lyriques. Ça, ça vient sur le coup. C’est l’improvisation finale.

Le roman est plutôt court (250 pages), assez éloigné de la mode actuelle de romans fleuves. Est-ce délibéré ou est-ce juste lié à l’histoire en elle-même ?

Ça n’est pas délibéré, c’est simplement comme ça. Mes romans sont toujours plutôt courts, quoique Les Ronds dans l’Eau fait presque 300. Mais en effet, mes camarades font dans le pavé de 600 pages, pas moi. J’écris pour être libre, pas pour tenter de m’inscrire dans tel ou tel courant, tel ou tel format.

Comment définiriez-vous vos romans? Romans noirs, thrillers psychologiques, romans tout court ?

Romans. Dans le même esprit que ce que je disais à la question précédente, ces cases et ces genres, ça me passe au dessus et ça m’énerve presque. Pourquoi ne pas plutôt créer des cases « bon roman », « roman pas terrible » et « roman pourri » ? Je crois que ça n’aurait pas plus de sens.

A quoi peut-on s’attendre pour votre prochain roman (et quand) ?

Justement, là, j’ai changé de façon de faire, complètement, j’avais envie de ça après « Le Deuxième Homme » et la minutie dont j’avais fait preuve. Là, je suis parti sans filet, sans plan, sans histoire.

J’exagère un peu : depuis, ça s’est dessiné sous mon crâne. C’est encore une histoire d’amour et de fuite, de liberté, de gars qui rêvent du coup du siècle pour disparaître ensuite, de gars qui sont en lutte, de destins qui se croisent. Le cœur de l’histoire verra disparaître un chanteur. Je ne vous en dis pas plus, tout peut encore changer, je suis en plein dedans.

Ça va s’appeler « Imagine le reste », et ça sortira vers mai ou juin 2014.

Vous venez de participer au salon Saint-Maur en poche. Pouvez-vous nous en parler un peu et nous dire ce que vous apporte le contact direct avec les lecteurs ?

Oui, premier St Maur en Poche me concernant, et super salon, vraiment. Ce que ça apporte ? Des échanges, forcément, mettre des visages sur des noms (j’ai rencontré là-bas une ex-blogueuse avec qui j’ai parfois échangé par le passé, j’ai aimé la voir en vrai, lui parler), rencontrer d’autres auteurs, j’ai dit à ma collègue de Fleuve Noir, Karine Giébel, que j’avais adoré son Purgatoire des Innocent, j’ai revu Bernard Minier et Michel Bussi, j’ai fait la connaissance de Paul Colize, bref, c’était bien !

Le contact direct avec les lecteurs, hé bien… ça apporte la preuve qu’il y a vraiment des gens qui me lisent. C’est curieux mais parfois, ça me surprend encore !

En dehors du roman, vous sentez-vous attiré par d’autres voies artistiques ?

Les peintres me font rêver, je ne sais pas pourquoi. L’image du peintre devant une toile blanche, la palette et le pinceau en main, j’ai l’impression qu’ils sont au cœur même de la création artistique. Je crois qu’un jour, j’essaierai.

Personnellement, je ne pratique pas d’autre art que l’écriture. Depuis quelques temps, je songe à écrire une pièce de théâtre. On verra…

Ce blog est fait de mots et de sons. La musique prend-elle une part dans votre processus créatif ?

Oui et non. Oui parce que j’ai 1000 Cds, que la musique fait partie de ma vie et de celle de ma chérie depuis toujours, oui parce que mon frère est guitariste et qu’il nous est impossible de nous voir sans parler de musique ou de sa dernière tournée, oui parce que j’ai en permanence un morceau dans la tête (aujourd’hui, Starman, de David Bowie, sur l’album Ziggy Stardust).

Non, parce que je ne mets pas de musique quand j’écris, je ne l’entendrais pas. J’écris en silence et c’est le vacarme dans ma tête !

Au choix, le mot de la fin ou nous citer votre dessert préféré…

« Les chats noirs ont-ils peur de passer sous les échelles ? »

C’est la première phrase de mon prochain roman. Elle est bien, non ?



Catégories :Interviews littéraires, Littérature

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14 réponses

  1. Black Kat – Ni O-, ni A- ... juste mon sang artistique, passionnément livresque...

    J’adore l’esprit de ce Monsieur! Belle interview! Et ça va… j’ai compris… je fais remonter son livre dans le haut de ma liste!

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      je n’ai rien dit (ou alors de manière très subtile) 😉

  2. J’adore tes interviews d’auteurs, surtout que ce sont des “moins connu” que les locomotives habituelles. Par contre, j’ai envie de découvrir cet auteur qui écrit des bons romans et qui en plus en fait des courts, ça va plus vite pour lire… ça donne encore plus envie de les découvrir !

    Désespoir de mon portefeuille tu es !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Arrête de te lamenter, tu adores ça 😉
      Oui les grosses locomotives c’est bien, mais il y a tellement d’auteurs de talent moins connus

      • Oui, j’aime ajouter des livres, mais faut pas le dire, je dois m’auto-flageller aussi !

        Il y a une kyrielle d’auteurs de talent qui ne sont pas connus car dans l’ombre ou pas assez de lumière sur eux… dommage, on doit rater des perles !

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          ah parce que tu trouves qu’on en enfile pas assez des perles littéraires grâce à nos blogs respectifs ? 😉
          Et ce n’est pas fini !

          • Si, mais j’en ajoute plus vite que je n’arrive à les lire ! Je sais, je m’enfile des perles grâce à babelio et certains de ces membres, grâce aux blogs, mais je ne suis plus à acheter et à lire !!! 🙂

            Un peu de médiocrité ne ferait pas de mal à mon budget qui frôlera bientôt celui de la Défense Américaine !

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