Plonger dans un roman de Giebel est une expérience qu’on ne peut difficilement oublier, que l’on aime ou non.
Chaque nouveau roman de l’auteur est une étape supplémentaire vers une consécration mille fois méritée. Juste un ombre était déjà, pour moi, un formidable moment de lecture. Son nouveau roman, Purgatoire des innocents, va estomaquer les lecteurs qui s’y plongeront.
Merci à Karine Giebel pour ce bel entretien. Je suis très heureux qu’elle m’accorde sa confiance.
L’entretien :
- Question rituelle pour démarrer mes entretiens, pouvez-vous vous définir en trois mots juste trois ?
Secret bien gardé.
Raphaël et son jeune frère, William, dévalisent une bijouterie de luxe place Vendôme, avec l’aide de deux complices. Le braquage tourne mal, William est gravement blessé. Les malfaiteurs sont donc obligés d’improviser et de trouver une planque sûre où William pourra se remettre de ses blessures. Ils décident donc de se réfugier chez une jeune vétérinaire qui habite un village isolé à trois cents kilomètres au sud de Paris.
Ils pensent alors avoir trouvé la planque idéale. Alors qu’ils viennent de mettre les pieds en enfer…
- Si je vous dis que ce nouveau roman est un mix parfait entre Meurtre pour rédemption et Juste un ombre, êtes-vous d’accord avec moi ?
Parfait, je ne sais pas, mais je pense que ce nouveau roman est effectivement dans la veine de Meurtres pour rédemption. C’est du moins ce que j’ai ressenti en l’écrivant.
Par contre, à mon sens, il est assez éloigné de Juste une ombre. Mais l’auteur est souvent le plus mal placé pour répondre à ce genre de questions… C’est les lecteurs qui le diront.
- Certains passages du Purgatoire des innocents sont particulièrement éprouvants, quel est votre ressenti au moment d’écrire ces passages ?
Lorsque j’écris, j’essaie toujours de me glisser dans la peau des personnages. Alors, je vous laisse imaginer…
- Vous fixez-vous des limites pour ce genre de scènes ?
Pas de violence gratuite, injustifiée. Pas de déballage sanguinolent ou de « boucherie » ! Pas d’éviscération, d’autopsie, etc. Plutôt une violence larvée, suggérée. Ce qui est bien plus délicat à écrire d’ailleurs.
Quand je raconte une histoire violente, je marche sur un fil, ténu. Je me transforme en funambule. La violence doit avoir son utilité dans l’histoire que je raconte. Sinon, elle n’a pas sa place.
On me parle souvent de la violence dans mes romans. Du moins pour ceux qui comportent des passages « éprouvants » comme vous le disiez dans la précédente question (ce qui n’est pas le cas de tous mes romans, cf Jusqu’à ce que la mort nous unisse, par exemple, ou même Juste une Ombre).
Étrangement, il y a beaucoup de thrillers bien plus violents que les miens, ou disons bien plus « gores » et dont on souligne moins le côté violent.
Je crois que c’est plutôt la noirceur de ce que j’écris qui donne cette impression de violence.
Les lecteurs me disent aussi que les situations qu’ils peuvent trouver dans mes livres sont plus difficiles à affronter parce que je me place en général du côté de la victime, de ce qu’elle peut ressentir et éprouver.
Ils me disent également qu’ils sont attachés aux personnages et qu’ils ont donc l’impression de vivre littéralement leurs souffrances… qu’ils ne parviennent pas à prendre du recul face à ce qu’ils lisent.
Je crois que c’est pour ces raisons là qu’on souligne volontiers les passages violents dans mes romans.
- La psychologie de vos personnages est toujours particulièrement travaillée. On sent que vous y portez une attention tout particulière…
A mon sens, c’est l’essence même d’un roman. Raconter une histoire, certes, captivante si possible, mais ce qui compte réellement, c’est créer des personnages, les faire vivre et les « fouiller » au maximum. C’est ça qui est vraiment passionnant dans l’écriture…
- Meurtres pour rédemption et Juste une ombre sont souvent cités comme des romans marquants par les amateurs du genre. Ressentez-vous ces retours lors de vos rencontres avec les lecteurs ?
Oui, souvent. En tant que lectrice, j’aime qu’un roman me procure des sensations et des émotions fortes. Qu’il me laisse une trace.
Et j’essaie d’écrire en suivant cette voie.
Alors, les lecteurs viennent me rencontrer ou bien m’écrivent pour me dire ce qu’ils ont ressenti. La peur, l’angoisse, les larmes, l’amour, l’empathie, etc. C’est toujours très fort et très émouvant pour moi de les écouter ou de les lire…
- Vous ne semblez pas surfer sur la mode de la communication via internet comme certains auteurs actuels…
Je ne suis pas fan des réseaux sociaux (et c’est un doux euphémisme !), vous l’avez bien compris. D’abord, parce que je suis plutôt du genre « réservée » et que je n’aime guère m’exposer. Ensuite parce que je trouve que c’est très chronophage.
Mon éditeur m’a fait un site pour annoncer mes signatures, mes parutions, etc. Une libraire consacre une page Facebook à mes romans… Cela suffit amplement !
Ce que j’aime, c’est écrire. Ce n’est pas parler de ce que j’écris. Encore moins « vendre » ce que j’écris… Je ne suis pas douée pour l’autopromotion !
9. Ce blog est fait de mots et de sons. La musique prend-elle une part dans votre processus créatif ?
Une part énorme !
J’ai besoin de musique pour créer. La musique m’inspire, si elle est en harmonie avec ce que je suis en train d’écrire. Certaines idées de romans sont nées en écoutant un morceau de musique… J’ai des goûts assez variés, mais au final, c’est comme mes lectures : il faut que la musique que j’écoute me procure des émotions.
10. Le mot de la fin ?
Il ne sera pas de moi mais de Jules Renard : « Il faut vivre pour écrire et non pas écrire pour vivre. »
Ça parait évident. Et pourtant…
Catégories :Interviews littéraires, Littérature
comme d’habitude, une excellente interview!
je n’ai plus assez de qualificatif! 😉
Peut-être que ça te donnera l’envie de retenter cet auteur avec son dernier livre 🙂
Tres bon entretien avec cette grande dame du thriller.Une Française de plus! J’ai adoré son “meutres pour rédemption” , j’ai été tellement retournée que je n’ai pas pu écrire de chronique…Il va falloir que je le relise pour le faire car il est à faire connaitre.
“Juste une ombre”, pas encore lu mais en prévision..Le dernier , bien sur!! Un K. Giebel ne se loupe pas.
oui il n’est pas facile de décrire ses sentiments à la lecture d’un roman de Giebel !
Merci pour cette interview! Je ne connais pas encore mais Carine B. me l’a vivement conseillée et j’ai donc Meurtres pour rédemption dans ma PAL!
une auteure qui devrait te plaire à mon avis !