Interview littéraire 2013 – Frédéric Mars

Frédéric Mars a eu l’énorme gentillesse de répondre à mes questions.

Pour les personnes ayant le tort d’être passé à coté de son œuvre, je rappelle que cet écrivain protéiforme est l’auteur de plusieurs romans ou essais mémorables, tels que :
– Le sang du Christ en 2010 (thriller historique)
– Les écriveurs en 2011 (roman jeunes adultes, premier tome d’une série à venir)
– Non stop en 2011 (extraordinaire thriller « à la 24 heures chrono »)
– Comment j’ai arrêté de CONsommer, sorti en 2012 (essai sur lui-même appliquant les principes de dé-consommation durant un an)
– Le livre qui rend dingue en 2012 (satire du milieu de l’édition).
– …
Un auteur de grand talent, qui mérite d’être suivi de très près. Vous retrouverez les critiques de plusieurs de ces livres sur ce blog.

L’interview :

1. Pouvez-vous vous définir en trois mots, juste trois ?
Si cela doit être trois qualificatifs, je dirais : curieux, mélancolique, irrévérencieux.

2. Quelle est votre actualité brûlante pour 2013 ? Un thriller pour le mois de mars (le bien nommé) chez Black Moon, c’est exact ?
Oui, le Manuel du serial Killer, un thriller qui se passe comme le précédent (Non Stop) aux États-Unis, mais cette fois à Boston et Harvard. En deux mots, il y est question d’un étudiant qui, dans un contexte de meurtre en série d’enfants, réalise un stage dans une maison d’édition. Il s’occupe du premier tri des manuscrits envoyés par la poste, et recale en particulier un texte intitulé le « Manuel du serial killer », véritable méthode pour devenir un parfait meurtrier. Quelques semaines après la fin de son stage, il découvre ledit livre dans les libraires, non sans stupeur… car ce texte anonyme est publié sous son propre nom !

3. Vous êtes un vrai touche-à-tout (thriller, comédie romantique, essai, livre jeunesse…), un caméléon avec une capacité assez unique pour passer d’un style à l’autre comme si c’était naturel. Est-ce une volonté délibérée de votre part, ou un vrai mode de fonctionnement interne ?
Caméléon je ne sais pas, mais touche à tout, oui je revendique. Pour la simple raison que je m’ennuierais terriblement en ne me frottant qu’à un seul genre ou un seul type de récits. J’ai besoin de cette diversité pour conserver la même envie d’écrire. Et puis ma curiosité naturelle m’inspire des idées très diverses. Alors je me laisse simplement porter par la vague la plus forte, d’où qu’elle vienne, et quelle que soit la direction dans laquelle elle m’entraîne.

4. Vous avez publié en 2012 un essai sous forme de journal de bord « Comment j’ai arrêté de CONsommer ». Vous y partagez votre expérience de dé-consommation durant un an. Qu’avez-vous gardé de cette expérience passionnante, mais assez jusqu’au-boutiste ?
Quelques habitudes et aussi quelques grands principes, comme le « vider avant de remplir ». Hélas, la routine et la pression du marché reprennent un peu trop le dessus à mon goût. Mais j’ai arrêté (ou presque) d’acheter certaines choses en double ou en triple comme je le faisais auparavant.

5. Une autre de vos publications en 2012 a été un court roman au format électronique : « le livre qui rend dingue ». Sa lecture est une expérience assez jubilatoire. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce récit et le plaisir que vous en avez tiré ?
Il y est question d’un aspirant écrivain qui participe à un atelier d’écriture. Tout ce qu’il écrit est plutôt mauvais, jusqu’au jour où un texte sur un banal souvenir d’enfance produit un effet extraordinaire sur ses lecteurs : chacun y lit exactement ce qu’il veut y lire, sorte d’auberge espagnole de la littérature. Très vite, il est publié, et rencontre un succès phénoménal, raflant tous les prix. Mais ce texte magique, texte miroir, a bientôt aussi quelques effets délétères sur certains lecteurs…
C’est un bref roman que j’avais écrit il y a longtemps, qui avait failli être publié sur papier il y a quelques années, mais au final un peu trop « étrange » semblait-il. Puis j’ai rencontré Storylab, un éditeur numérique qui peut, par son modèle économique, se permettre de prendre des risques avec ce type de texte casse-gueule. Le souvenir que j’ai de son écriture, c’est en effet une grande jubilation à déconstruire par l’absurde le petit milieu de l’édition…

6. En parlant de format électronique, comment voyez-vous l’avenir du milieu de l’édition ? Tout numérique ou survivance du numérique et du papier ?
Coexistence des deux, j’espère la plus pacifique et fructueuse possible. Je ne fais pas partie de ces auteurs qui hurlent au loup ou prônent au contraire le tout numérique. Je pense que les deux sont nécessaires, et complémentaires. Personnellement j’ai une liseuse, sur laquelle je lis plutôt tout ce qui est d’ordre documentaire, et je lis plutôt les livres « plaisir » sur papier. Mais c’est un long et vaste débat, qui me passionne d’ailleurs tant que j’ai remis récemment un rapport sur le sujet à un éditeur étranger.

7. Avez-vous une méthode bien rodée lorsque vous vous lancez dans un nouveau roman ?
Oui, quand il s’agit d’un roman dont le récit suppose une construction très carrée, riche en rebondissements. Je prépare donc un long synopsis entre 30 et 50 pages, où chaque scène est racontée « à plat » et dans le détail. Avant cela, quand c’est nécessaire, je compile toute la documentation qui me sera nécessaire en cours d’écriture : photos, notes de lectures, plans, etc. Je me constitue plusieurs gros classeurs avec des onglets thématiques, que je continue à enrichir par la suite.
Et puis, en cours d’écriture, je me relis et je tiens une sorte de « journal de bord » où je note tout ce qui ne va pas, les incohérences, les idées à ajouter en amont, etc. C’est ma manière à moi de ne rien laisser passer, et de rester pleinement maître de mon récit. Voilà dans les grandes lignes. Mais il m’arrive aussi, plus rarement, de partir plus bille en tête, comme cela a été le cas avec le « Livre qui rend dingue ».

8. Vous semblez vous être stabilisé en ce qui concerne le choix de vos maisons d’édition, est-ce un stress en moins lorsque l’on se lance dans l’écriture d’un nouveau bouquin ?
Oui, en effet, mais rien n’est jamais garanti, car toutes les idées que vous avez en tête ne plaisent pas forcément au même éditeur, ou ne correspondent pas à sa production. Alors parfois – souvent, même ! – il faut avoir la patience et la modestie de se dire qu’on range tel projet sagement, jusqu’à ce que le contexte ou le hasard des rencontres permette de le faire exister… ou jamais, d’ailleurs.

9. Ce blog est fait de mots et de sons. La musique prend-elle une part dans votre processus créatif ?
J’écoute beaucoup de musique, mais jamais en écrivant,  j’en suis incapable. En revanche, il m’arrive souvent d’avoir un morceau en tête en cours d’écriture pour en tirer ma propre tambouille, m’inspirer de son rythme, de sa fluidité… Par exemple, quand j’écrivais Non Stop, j’avais en boucle et en tête un morceau du groupe canadien Metric, Help I’m alive.

10. Le mot de la fin ? 
Fin ? Quelle fin ? 😉



Catégories :Interviews littéraires, Littérature

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10 réponses

  1. Belle interview, merci 🙂

  2. Je te découvre autrement…et tu me fais découvrir un auteur qui me tente
    Merci

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      ;-). Content de t’avoir donné l’envie de découvrir cet auteur

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